L’Ardèche un bout de Massif Central en Provence Ou l’inverse

Mardi, 17 Juillet 2012 01:17 Clément
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Triangle des bermudas bordé à l’est par la vallée du Rhône au delà de laquelle s’élèvent les contreforts du Vercors, et par les Cévennes et le Massif Central à l’ouest, l’Ardèche additionne et juxtapose paysages grandioses et merveilles naturelles pour notre plus grand bonheur. Parcourir les vertes collines du Haut-Vivarais – le nord du département – c’est marcher sur le toit de l’Ardèche au Mont Mézenc, c’est regarder vers le Massif Central. Traverser le Bas-Vivarais, longer les Gorges de l’Ardèche, à l’inverse, c’est déjà avoir un pied en Provence. Les blanches falaises calcaires éclaboussées du soleil de midi, l’ombre des chênes et des châtaigniers sur la garrigue aux senteurs de thym et de romarin… L’Ardèche, un territoire qui serait venu voler au Massif Central et à la Provence les adjectifs de son insolente et sauvage beauté. Vous venez ?

L’Ardèche c’est tout d’abord les gorges du même nom : ce canyon de trente kilomètres taillé à coups de sabre à travers les couches calcaires de la région, notre Gand Canyon à nous. C’est le Pont d’Arc, minéral arc de triomphe, qui marque la porte d’entrée des gorges au niveau de Vallon-Pont-d’Arc. Et c’est un autre pont, métallique et suspendu cette fois, qui marque la sortie du corridor à Saint-Martin-d’Ardèche. De part et d’autre des gorges, s’élèvent vers le plateau planté de chênes et de châtaigniers de verticales falaises calcaires qui abritent le printemps venu la nidification des grands oiseaux de proie.

Comme plusieurs points de vue complémentaires sur cet écrin de nature sans entrave classé Réserve naturelle depuis 1980, canoë, randonnée, VTT ou escalade offrent chacun un étage de découverte d’où apprécier le temps qui passe. En canoë au fil de l’eau, descendez la rivière à travers les gorges, alternez rapides tumultueux et passages de volupté aquatique au détour d’une plage de cailloux blanc ou d’un méandre sablonneux. A la demi-journée ou sur deux jours avec nuit à la belle étoile, vivez l’aventure de la découverte, imaginez-vous explorateur ou laissez-vous bercer par le clapot de l’onde. Quittez ensuite le lit de la rivière et découvrez les gorges à hauteur d’homme le long d’un des nombreux itinéraires de randonnée qui sillonnent la Réserve naturelle des gorges de l’Ardèche. Cheminez à travers les chênaies, dominez la rivière depuis un chemin en balcon, descendez jusqu’à la rive pour un bain improvisé puis regagnez la quiétude du sous-bois pour découvrir dolmens, vestiges préhistoriques et peintures rupestres. Besoin de davantage de hauteur ? Chaussez un casque, quittez le plancher des mortels et accrochez-vous aux hautes falaises qui bordent les gorges. De l’ombre à la lumière, une centaine de voies en plusieurs longueurs s’élèvent des berges de la rivière pour atteindre le rebord du plateau dans un délice de calcaire chaud assaisonné à la sauce provençale.

Plus haut en remontant les gorges, en laissant l’Ardèche suivre son cours vers le nord pour suivre le lit de la Baume, voici la petite ville de Rosières, nichée au confluent du calcaire provençale et du gré cévenol. Elle sert de cadre à une jolie balade au rythme des vignobles et des cours d’eau qui chantent en sous-bois. Toujours au rythme de l’eau qui glougloute, remontez vers le nord le long de la forêt en mangrove (ou ripisylve) de la moyenne vallée de l’Ardèche et obliquez vers l’ouest à Aubenas pour entrer au cœur de la haute vallée de l’Ardèche. Là se situe Thueyts et son Pont du Diable. La légende raconte que le Malin lui-même aurait jeté cet étroit pont de pierre au-dessus du précipice au fond duquel bouillonne la rivière. Lorsqu’il n’est pas hanté, ce pont sert de toile de fond à l’une des plus belles via ferrata d’Ardèche.

En passant sous la maléfique arche du pont de Thueyts, remontez le cours de l’Ardèche, pénétrez au cœur du Parc Naturel régional des Monts d’Ardèche, juché à cheval entre piémonts cévenols et dômes volcaniques hérités du Quaternaire. C’est là qu’entre en Ardèche le GR 4 avant de piquer vers le sud et de traverser les gorges pour aller ensuite rejoindre le Gard. C’est également au cœur des landes du Parc que chemine le GR de Pays ‘Le Tour de la Montagne Ardéchoise’, savourant de-ci de-là quelques incursions en Lozère. A tout seigneur, enfin tout honneur : le Parc, en le Mont Gerbier de Jonc, voit jaillir des tréfonds de la terre le mince filet d’eau qui deviendra, avec la distance, la Loire des châteaux, des bancs de sable et des grues de Saint-Nazaire. Une bien belle histoire que celle de ce pipi d’eau minéral devenu plus long fleuve de France.

En conclusion à ce survol sportif de l’Ardèche, risquez, le temps d’une ascendance ou deux, l’omniscience du point de vue qu’offre le parapente. Outre posséder sur son territoire plusieurs très beaux décollages de vol libre, l’Ardèche possède avant tout les merveilles naturelles à étaler sous vos pieds. Des merveilles sans aucun doute dignes d’un voyage en plein ciel – ou au moins d’un weekend prolongé.

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