L’Italie et la France ont en commun une même difficulté à réformer leur marché du travail. L’opposition, à Rome comme à Paris, se situe à gauche, c’est-à-dire au sein même de la famille politique qui gouverne. Parce que nos deux pays ont un même problème : retrouver un meilleur niveau de compétitivité et le chemin de la croissance, négative en Italie, stagnante en France. Nos dirigeants ont une égale difficulté à convaincre l’Allemagne de bouger plus vite qu’elle n’y consent. C’est que les Allemands n’ont pas les mêmes critères ni les mêmes urgences que les Français et les Italiens. L’Allemagne, pays qui décline sur le plan démographique et dont la population est vieillissante, est tentée par un égoïsme compréhensible. D’autant que les Allemands tirent aujourd’hui bénéfice des efforts consentis hier. L’Allemagne n’a donc pas la même nécessité urgente d’une croissance forte. Elle croit pouvoir se contenter de ce qui existe. D’où sa lenteur à approuver des décisions qui permettraient, comme le souhaitent l’Italie et la France, de «réorienter l’Europe». Afin de doter celle-ci d’une politique d’investissements telle que celle mise en avant par Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.
Gageons que l’Allemagne se rendra compte que la déflation et la stagnation peuvent la rattraper. Espérons surtout qu’elle prenne conscience que le statu quo actuel, comme le proclament François Hollande et Matteo Renzi, conduit des fractions de plus en plus larges de l’opinion à confondre la critique des défauts de la gestion actuelle de l’Union européenne avec la dénonciation de l’idée européenne elle-même.
Si l’on cherche, par rapport à l’Allemagne notamment et à la question générale de la compétitivité, un avantage comparatif qui soit en faveur de nos deux pays, il en est un que nous devrions considérer avec sérieux : le tourisme. La richesse des patrimoines français et italien, celle que représentent leurs territoires et leurs cultures, n’est pas suffisamment prise en compte pour ce qu’elle est : un gisement économique. Bien sûr, il ne s’agit pas de faire du tourisme l’alpha et l’oméga de nos politiques car nous pourrions alors courir le risque de transformer nos pays en immenses Disneyland, en territoires et villes musées. Pourtant, le tourisme est bel et bien à l’aube de son développement. Et nous sommes parmi les mieux placés dans le monde pour en tirer le meilleur parti. L’explosion des classes moyennes dans les pays hier émergents et aujourd’hui déjà très développés et, à l’intérieur de celle-ci, l’augmentation de la part relative de la fraction la plus aisée de ces classes moyennes, forment l’essentiel du gisement. Ainsi, il y a aujourd’hui de par le monde 150 millions de Chinois qui voyagent. Dans quinze ans, ils devraient être 500 millions. D’ores et déjà, ils dépensent, lorsqu’ils sont en France ou en Italie, 1 600 euros par personne. En France, le tourisme pèse déjà 7 % du produit intérieur et permet deux millions d’emplois.
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