Entre le 1er et le 7 octobre, les Chinois sont en vacances pour la "semaine en or" célébrant la proclamation de la République populaire en 1949.
Les travailleurs pauvres font des milliers de kilomètres en train ou en bus pour rentrer chez eux, tandis que ceux qui ont les moyens vont faire du shopping au Japon, en Corée du Sud ou à Hong Kong.
Cette année néanmoins, la "Golden Week" tombe au beau milieu des manifestations prodémocratie qui agitent l'ancienne colonie britannique. Les manifestants bloquent des sites stratégiques du centre-ville, y compris les quartiers de shopping à Central, Causeway Bay et Tsim Sha Tsui.
Pour les commerçants et les tour-opérateurs, la baisse de fréquentation des touristes chinois est manifeste. Des agences de tourisme chinoises ont été priées d'y annuler tous les séjours collectifs.
"Nous n'avons pas reçu d'avis officiel mais des agents en Chine (ont fait savoir) qu'ils ne devaient accepter aucune nouvelle réservation" pour les groupes, a indiqué à l'AFP Joseph Tung, directeur exécutif de Travel Industry Council, une association de voyagistes hongkongais.
Les manifestations "ont déjà fait grand tort à l'industrie du tourisme", assure-t-il.
"Madame Tam" est venue de Shenzhen, juste de l'autre côté de la frontière entre Hong Kong, région autonome, et la Chine populaire, pour acheter du lait en poudre. Interdite d'entrée sur le territoire mercredi, elle y a été autorisée jeudi.
"Peu de gens traversaient la frontière. Beaucoup de visiteurs ont été informés qu'ils n'étaient pas autorisés à entrer" et n'ont donc même pas essayé, affirme-t-elle. "Généralement cela nous prend une heure pour traverser la frontière, aujourd'hui seulement 15 ou 20 minutes.
- Boutiques vides -
Dans le quartier de Kowloon, sur la partie continentale de Hong Kong, une centaine de manifestants bloquaient l'accès des véhicules aux grands magasins dont les Chinois sont friands.
Les publicités pour les marques de luxe étaient recouvertes de bannières sur lesquelles on pouvait lire "Une vraie démocratie pour Hong Kong". Des soutiens de Pékin et des manifestants ont échangé quelques invectives.
Sur Nathan Road, les boutiques étaient désertes.
"Ca nuit vraiment aux affaires", déplorait Merry Djong, vendeuse dans une boutique de bijoux et d'accessoires Folli Follie. "Je n'ai eu que deux ou trois clients aujourd'hui".
Les touristes qui s'étaient néanmoins aventurés dans le quartier oscillaient entre colère, amusement et stupéfaction.
"Des manifestations? Des émeutes? Pour exprimer leur mécontentement par rapport à la société, c'est ça?", demandait Huang Xiao-ming, une habitante de Guangzhou (Canton). "Je n'en ai aucune idée. C'est ma première journée à Hong Kong et je me demande ce qui se passe".
Le Parti communiste chinois (PCC) a fortement durci sa censure contre les réseaux sociaux et des millions de Chinois restent dans l'ignorance de la fronde qui agite Hong Kong pour élire son gouverneur en 2017 au suffrage universel plein et entier.
Yan, un touriste de Shenzhen venu des centaines de fois à Hong Kong, reconnaît n'avoir "entendu aucune information en Chine sur les manifestations".
Quelques chinois sont quant à eux expressément venus pour participer aux manifestations. David Zhang, un consultant de 24 ans, est arrivé mardi en train de Dongguang.
"C'est un message fort que la démocratie n'est pas imposée par les Occidentaux mais par les étudiants locaux", a-t-il expliqué à l'AFP.
"Tout le monde devrait avoir le droit de choisir son gouvernement", a-t-il ajouté, arborant à sa chemise le petit ruban jaune devenu, avec le parapluie, un symbole des manifestations.
Consultez la source sur Veille info tourisme: Les chinois privés de shopping à Hong Kong par Annabel Symington Ruby Tam