Sa richesse progresse de plus de 6 % par an et, à ce rythme, sa production intérieure brute aura dépassé celle de l'Allemagne d'ici à 2050. Avec la plus forte densité de population d'Asie du Sud-Est, l'Indonésie est un peu le Brésil de la zone, mais avec une croissance trois fois supérieure à celle de son homologue latino-américain.
Cette santé, qui contraste singulièrement avec le marasme dans lequel est engluée l'Europe, s'appuie sur trois facteurs-clés. D'abord l'enrichissement de ses habitants. Avec le quart de sa population qui gagne plus de 330 dollars (241 euros) par mois, le pays dispose d'un réservoir de consommateurs qui réduit sa dépendance aux exportations et dope la production domestique destinée à satisfaire ces nouveaux acheteurs.
C'est pour cette nouvelle "classe moyenne" de 50 millions de personnes que L'Oréal a cassé sa tirelire pour construire, près de Djakarta, sa plus grande usine mondiale.
Le deuxième facteur est celui de la stabilité politique. Depuis le départ du dictateur Suharto, à la suite de la crise financière de 1998, le pays a installé une véritable démocratie. Une situation qui rassure les investisseurs internationaux et canalise les tensions dans le plus grand pays musulman du monde, où cohabitent chrétiens, hindous et bouddhistes.
CARREFOUR DU TRAFIC MARITIME
Enfin, l'Indonésie profite à plein de son intégration dans la zone économique la plus dynamique du monde. Carrefour du trafic maritime entre l'Inde et l'Extrême-Orient, terre d'épices, le pays voit défiler les marchands depuis plus de cinq siècles. Ce sont eux qui ont apporté l'islam, la colonisation et l'ouverture sur le monde.
Une grande partie des conglomérats qui dominent le commerce dans l'archipel sont tenus par des Sino-Indonésiens dont les connexions sont multiples, notamment avec Hongkong et Singapour, les deux bastions chinois du Sud-Est asiatique.
Moins saturée que la Chine et moins compliquée que l'Inde, l'Indonésie est dorénavant une terre de conquête prioritaire pour toutes les multinationales du monde. L'appétit nouveau des consommateurs et le manque criant d'infrastructures en font un eldorado pour des champions occidentaux à la recherche de relais de croissance.
Mais l'envol d'un tel géant, qui place ses pas dans ceux de ses prédécesseurs japonais, chinois, indien, est aussi lourd de menaces. L'armée de nouveaux clients dope la production locale mais aussi les importations. Comme en Inde, le clientélisme et la corruption endémiques qui sévissent dans cet immense archipel, difficile à contrôler, sont porteurs de risques politiques dans un pays éruptif, aussi coutumier des émeutes populaires que des catastrophes naturelles.
Avec sa ceinture de volcans actifs, l'Indonésie illustre jusque dans sa chair les occasions et les tensions du monde émergent et celles du nôtre en miroir. L'Europe a, elle aussi, besoin de consommation, de stabilité et d'intégration dans un univers en perpétuelle instabilité.
On dit que le Garuda, qui aurait emporté Vishnou au paradis, peut aussi d'un seul coup d'aile plonger la Terre dans l'obscurité et engloutir les plus hautes montagnes dans l'océan.
Consultez la source sur Veille info tourisme: LIndonésie nouveau géant asiatique