1- HISTOIRE DES HMONG AU 20e SIÈCLE
Les Hmong constituent une ethnie répartie tout au long des siècles passés sur plusieurs pays : sud de la Chine, Thaïlande, Vietnam, Laos. Au 20e siècle, beaucoup d’entre eux se retrouvent dans les zones montagneuses du Laos, dans la région de Phu Bia et Luang Prabang au nord de la capitale Vientiane à l’écart des influences des autres ethnies dominantes.
Lors des conflits liés à la montée du communisme et aux mouvements anti-colonialistes du siècle dernier, les Hmong se placent d’abord du côté des Français. Ainsi lors de la guerre d’Indochine, 2000 Hmong sont recrutés par le Colonel Sassi pour secourir le Corps Expéditionnaire Français assiégé par les VietMinh à Diên-Biên-Phu au Vietnam en 1954, mais ils arriveront trop tard. Puis, pendant la guerre du Vietnam (1964-1975), ils sont aux côtés des Américains. Après le départ de ces derniers, la guerre civile éclate au Laos et beaucoup sont obligés de fuir vers la Thaïlande voisine et franchissent le fleuve frontière, le Mékong. Aidés par des religieux catholiques comme le père Yves Bertrais, et par des fonctionnaires comme Pierre Dupont-Gonin, certains s’installent en Guyane où ils obtiennent l’autorisation de créer en septembre 1977 le village de Cacao, puis en 1979 celui de Javouhey près du site de l’ancienne léproserie fondée par la religieuse Anne-Marie Javouhey.
D’autres s’installent aux États-Unis (300 000), en Australie, au Canada ou en France métropolitaine (4 000), notamment dans la région de la Vistrenque près de Nîmes où comme ceux de Guyane, ils sont exploitants agricoles. Aujourd’hui les Hmong produisent encore l’essentiel de l’agriculture guyanaise après des années d’efforts gigantesques pour arracher des cultures à cette terre ingrate. Ils perpétuent leurs traditions, ont conservé leur langue orale que les travaux du pasteur Barney et du linguiste Smalley ont dotée d’une écriture romane.
Certains de leurs compatriotes restés dans la jungle au Laos sont persécutés par les différents gouvernements de la région et sont obligés de se réfugier dans des camps en Thaïlande comme celui de Huai Nan Khao ou bien sont encerclés dans la zone interdite de Xaïsomboun. Des leaders ou des chefs spirituels parfois controversés les ont souvent guidés comme Paj -Cai, Touby Ly Foung ou le général Vang Pao.
2- EXIL ET ARRIVÉE EN GUYANE
C’était en 1975. L’arrivée des communistes au pouvoir au Laos après la fin de la guerre du Vietnam provoca la fuite d’une partie des Hmong qui avaient aidé les Américains en servant dans l’armée secrète de la CIA (espionnage) ou en leur fournissant des bases pour le ravitaillement de leur armée et de leurs avions. Les Hmong durent traverser le Mékong pour passer en Thaïlande, les parents firent avaler une boulette d’opium à leurs enfants pour les endormir et éviter ainsi qu’ils crient. Ils furent regroupés dans des camps de réfugiés thaïlandais comme ceux de Ban-Vinai (6000 personnes) et de Nongkhay (8500 personnes) où les conditions de vie étaient très rudes. Émus par la détresse de ces gens, des fonctionnaires, des missionnaires, des politiques ont étudié à partir de 1976 des solutions pour accueillir les Hmong car ils ne pouvaient pas rester en Thaïlande. Pierre Dupont-Gonin fut l’un d’entre eux, il avait été inspecteur des douanes en Guyane française et avait travaillé au Laos à côté du gouverneur quand le Laos était encore protectorat français. Mais il lui fallait trouver des appuis en Guyane pour que le projet aboutisse.
Mais pourquoi la Guyane ? Car elle était sous-peuplée, avait besoin de développer son agriculture (les fruits et légumes étaient achetés aux Surinamiens ou aux Brésiliens ou importés), son climat et sa flore étaient proches de ceux du Laos. 1975, c’était aussi le drame des boat people dont les médias parlaient beaucoup. Valéry Giscard d’Estaing était président de la République française, Raymond Barre premier ministre et Olivier Stirn était secrétaire d’état à l’outre-mer. En Guyane, c’était le début des premiers gros avions porteurs (avril 1972), du téléphone automatique (73), de la télévision couleur (75). Il n’y avait pas encore la route pour aller de Cayenne à Kourou, il fallait faire le tour par Montsinéry. Pour aller à Roura, il fallait prendre le bac. En Guyane, au début, peu de personnes étaient favorables au projet.
Lorsque le projet a été divulgué par la presse en mai 1977, il y avait beaucoup de confusion dans les esprits : on parlait de 40 000 réfugiés ! alors que la population de la Guyane atteignait à peine les 45 000 habitants. Les Hmong étaient désignés sous les noms de Cambodgiens, Vietnamiens, Méos. M. Ho-a-Chuck, maire de Roura et président du Conseil Général, était l’un des rares élus à prendre le risque de les accueillir. D’origine asiatique par son grand-père chinois, ce chirurgien ORL savait que les Hmong pouvaient apporter beaucoup à la Guyane. Mais il fallait encore trouver un endroit pour les installer. Après plusieurs propositions, le site de Cacao fut choisi car il appartenait à un seul propriétaire (le Ministère de la Justice), offrait un relief en hauteur et se trouvait assez éloigné des villes et villages pour que personne ne réclame les terres et pour que les Hmong ne soient pas tentés d’aller en ville.
Le samedi 3 septembre 1977, arrivèrent sur le sol guyanais, en provenance de Bangkok avec une escale à Paris, 10 familles hmong (45 personnes) qui furent accueillies par le préfet. Puis le 7 septembre, M. Ho-a-Chuck les accueillait à Cacao. Une nouvelle vie commencait alors pour eux et les 462 autres qui les suivirent.
3- INSTALLATION EN GUYANE
Le site de Cacao était un terrain de 600 m de long et 200 m de large situé au bord de la forêt primaire et le long de la rivière Comté à l’emplacement d’une ancienne scierie. L’installation des Hmong à Cacao a été facilitée par la création d’un comité de soutien aux réfugiés (COGERH) créé par Mme Ho-a-Chuck, qui est devenu l’Association pour le Développement du Site de Cacao (ADSCA). Elle assurait des actions d’intégration sociale et professionnelle, et était formée de plusieurs commissions : l’artisanat, la formation professionnelle, le sport, l’alphabétisation, etc, afin de mettre en place les conditions du développement économique avant de passer la main aux structures communales. Il y avait aussi un centre d’hébergement avec du personnel des différents services de l’État. Les pères Jacques Brix (menuisier de son état) et René Charrier qui accompagnaient les premiers Hmong y ont travaillé ainsi que l’ingénieur agronome Ly Chao et un médecin hmong qui est arrivé en juillet 1978. Le déboisement s’est fait progressivement avec l’aide de machines.
La route de l’Est en construction par la Légion Étrangère a atteint la bifurcation vers Cacao en 1979, un groupe électrogène est arrivé en juillet 1978, une cooperative a été créée au début 1979 de nom "Jean Sainteny", président du Comité National d’Entraide. En tout, 1000 ha ont été défrichés, dont 450 ha pour les actions communautaires, 50 ha pour le pâturage, 20 ha pour les fermes de la coopérative, 10 ha pour les familles, etc. En avril 1979, 570 personnes vivaient à Cacao. Le village avait atteint l’auto-subsistance, les maisons étaient construites pour les 60 familles. Le financement était en partie assuré par le prix de journée de 40FF attribué à chaque famille. Le centre d’hébergement a pu alors fermer fin février 1980. L’intégration des Hmong dans la société française a posé quelques problèmes avec notamment le mariage hmong dès l’âge de 12-13 ans et la polygamie, les deux formellement interdits en France. Au début, si un homme hmong avait plusieurs femmes, l’une était déclarée "femme titulaire" et l’autre "aide familiale", ainsi le terrain était vendu aux 3 personnes mais en indivis.
Progressivement, les coutumes non conformes à la loi française ont été abandonnées, mais les traditions qui ne posaient pas de problèmes ou celles du domaine privé sont restées comme l’organisation du village avec un chef, 5 responsables de quartier et un conseil des anciens ou encore la pratique du culte animiste. Puis le 16 novembre 1979, une soixantaine de réfugiés, surtout des chefs de famille, sont arrivés dans la plus grande discrétion pour s’installer dans le nouveau village de Javouhey. En avril 1980, ils etaient 389. Avec l’expérience de Cacao, les choses sont allées plus vite. Le centre d’hébergement était tenu par les pères Yves Bertrais et René Charrier. 100 ha ont été déforestés, puis 400 ha jusqu’en 1982, 60 maisons ont été construites. Une coopérative a été gérée par des appelés du contingent, mais elle n’a pas tenu.
Aujourd’hui tout le monde apprécie la présence des Hmong en Guyane. Ils ont pu fournir un surplus agricole qui représente 70% de l’agriculture produite en Guyane, ce qui a augmenté la richesse du pays. Certains de leurs enfants font des études supérieures. Mais la seconde phase, celle de l’industrialisation et de la transformation des produits, se fait encore attendre car elle nécessite la participation de tous.
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