Saint Nicolas, pour moi, évoque immédiatement des souvenirs d'enfance.
Des défilés dans les frimas de l'hiver avec fanfare, char illuminés et feu d'artifice après le traditionnel discours de l'évêque de Myre sur ce qu'il faut faire pour être un enfant sage.
Et puis c'était le temps d'un dîner en famille, certes moins festif que Noël mais aussi moins mercantile, moins brillant, moins convenu.
Au final j'ai des souvenirs de Saint Nicolas en pagaille. J'ai peu de souvenir de fête de Noël, si ce n'est un souvenir global de grande fête de famille ou l'on attend qu'une chose lorsqu'on est enfant : les cadeaux !
Et puis il faut bien reconnaître que très vite je me suis rendu compte que le Père Noël n'existait pas alors que Saint Nicolas lui avait bien vécu.
Toujours est-il que cette année, quel ne fut pas ma surprise de decouvrir cette polémique : Saint Nicolas est devenu une marque déposée à l'INPI.
Les villes de Nancy et de Saint Nicolas de Port ont déposé la marque Saint Nicolas à l'Institut National de la Propriété Industriel en mai dernier.
L'Alsace n'est pas contente car on fête aussi Nicolas en Alsace.
Alors que penser de cette bataille picrocholine ?
Saint Nicolas arrive dans l'histoire lorraine il y a longtemps par une relique du saint, sa dextre bénissante, rapportée depuis Bari par le seigneur Aubert de Varangéville en 1087. Saint-Nicolas-de-Port, possède une église dédiée au saint qui est le patron de la Lorraine.
Un chevalier lorrain, le sire Cunon de Réchicourt, fait prisonnier au cours de la sixième croisade, aurait prié Saint-Nicolas avant de s'endormir dans sa geôle. Le lendemain matin, il se serait réveillé, encore attaché, sur les marches de l'église et ses chaînes seraient tombées d'elles-même durant l'office qu'il suivit alors. Il n'en fallait pas plus pour que Nicolas devienne le saint patron Lorrain.
La démarche des Lorrains est raisonnable. Effectivement il vaut mieux se prémunir contre des esprits mercantiles qui pourraient "voler" Saint Nicolas et exporter ce label pour en faire n'importe quoi, n'importe où !
Maintenir la tradition a du bon et la protéger est prudent.
Mais peut-on s'approprier un saint, donc ce qu'il représente, son message, sa philosophie ?
Qu'en est-il des régions du nord où l'on célèbre aussi Nicolas ? la fête de la Saint Nicolas a lieu à Dunkerque depuis 1500.
Et en Alsace, Saint Nicolas passe aussi le 6 décembre pour récompenser les enfants méritants de friandises et de cadeaux. Il est aidé par son âne et il est accompagné par le Hanstrapp qui est chargé de punir ceux qui n'ont pas été sages. Le Hans Trapp les menace de les emmener dans son sac s'ils ne promettent pas d'être plus sage.
De nombreuses villes alsaciennes organisent des « Marchés de la Saint-Nicolas » au début du mois de décembre. Le marché de Noël deStrasbourg fut longtemps appelé ainsi.
Et on mange la brioche de la Saint-Nicolas qui s'appelle «Männele» à Strasbourg et «Mannala» à Mulhouse.
Les Alsaciens ont sans doute raison de s'inquiéter de cette démarche peu courtoise.
Ils ont d'autant plus raison que s'ils avaient déposé le concept de "marché de Noël" il y a 5 siècles, ces marchés auraient lieu en Alsace, un point c'est tout.
Et nous ne pourrions pas les voir galvauder sur les Champs Elysées par exemple où seul l'esprit mercantile prévaut. On y vend nombre de produits qui n'ont plus rien à voir avec Noël. Et c'est un grand esprit d'hypermarché que les étrangers découvrent croyant à une vraie tradition séculaire.
Perso, je suis pour les particularismes régionaux, pour les identités surtout lorsqu'elles sont festives. Et passer de marchés de santons en Provence, aux foires grasses du Sud Ouest pour ce retrouver au marché de Noël de Munster, c'est un bonheur.
Pour sur, je suis convaincu que la Lorraine va s'entendre avec l'Alsace ! Comment pourrait-il en être autrement !
Consultez la source sur Rtl.fr: La bataille de Saint Nicolas