MONTRÉAL – Le Québec fait pâle figure en matière d’accessibilité touristique, alors que bon nombre de lieux ne sont tout simplement pas adaptés aux personnes handicapées ou âgées.
C’est à tout le moins le constat fait par le groupe Kéroul, qui organise le sommet mondial «Destinations pour tous», qui s’est ouvert dimanche à Montréal. Cet événement se veut un électrochoc pour les acteurs du tourisme, ici, mais aussi ailleurs sur la planète.
Les personnes âgées et celles avec des limitations fonctionnelles font bien souvent face à des difficultés qui paraissent insurmontables lorsque vient le temps de planifier un voyage à l’autre bout du monde ou tout simplement à quelques kilomètres de la maison.
Le marché du tourisme accessible constituera pourtant le quart des dépenses touristiques dans le monde, d’ici 2020, estime Kéroul, un organisme qui tente de rendre le tourisme et la culture accessibles aux personnes à capacité physique restreinte.
La présidente de Kéroul, Isabelle Ducharme, souligne qu’à Montréal, la quasi-totalité des stations de métro ne sont pas accessibles à ceux qui ont des troubles de mobilité.
Dans la métropole, mais aussi ailleurs dans la province, plusieurs restaurants, lieux d’hébergement ou destinations touristiques n’ont aucune installation particulière pour les personnes à mobilité réduite.
«Plusieurs nouveaux hôtels qui se bâtissent ne respectent même pas les normes. Et le problème du Québec, contrairement à plusieurs autres juridictions, c’est qu’il n’y a que très peu de conséquences et de sanctions pour ces contrevenants», ajoute-t-elle.
À Toronto, la Ville promet que d’ici 2024, tous les taxis seront accessibles aux personnes en fauteuils roulants. Dans sa politique du taxi, dévoilée cet été, Montréal dit pour sa part vouloir «accroître l’offre de service» pour les aînés et les personnes à mobilité réduite, sans quantifier le nombre de véhicules qui devraient pouvoir accueillir de telles clientèles.
Le maire de Montréal, Denis Coderre, a participé à l’ouverture du sommet et il a signalé le désir de la Ville d’en faire plus. «On veut être numéro un», a-t-il lancé pendant son allocution. «Montréal doit être solidaire et accessible. Il y a encore des choses à faire, tout n’est pas parfait, mais l’ensemble des interventions sont faites avec l’objectif de respecter l’accessibilité universelle», a affirmé M. Coderre.
Il y a un désir des décideurs d’améliorer les choses, admet Mme Ducharme, mais dans les faits, il reste encore «beaucoup de travail à faire» pour que le Québec se distingue en matière de tourisme accessible.
Les entreprises ont pourtant un avantage financier à adapter leurs installations aux personnes handicapées ou âgées, insiste-t-elle.
«Il y a un million de personnes avec des limitations au Québec et 80% d’entre elles mentionnent avoir un intérêt pour le voyage. Contrairement à la population en général, elles voyagent rarement seules, donc ça signifie plus de revenus pour les entreprises touristiques. En plus, ce sont des gens fidèles qui retournent souvent là où il y a des lieux accessibles», fait-elle valoir.
Les pays qui font figure d’exemple sont nombreux sur le globe. L’Australie, les États-Unis et l’Espagne sont des destinations prisées par la clientèle à mobilité réduite, souligne Mme Ducharme.
«À Barcelone, on peut prendre le métro et l’autobus, comme le reste de la population. À la plage, ils ont même des fauteuils roulants qui vont dans l’eau avec des bénévoles qui sont disponibles pour transférer les gens handicapés dans ces chaises et les amener se baigner», rapporte-t-elle.
Une «destination pour tous» devrait notament avoir un transport local adapté, des salles de spectacles qui offrent des appareils pour ceux qui souffrent de déficiences auditives, de la vidéodescription dans les musées, des couloirs assez large dans les hôtels et des salles de bain accessibles sans monter de marches.
Lors du sommet, les participants établiront une liste de critères en matière de bonnes pratiques d’accessibilité touristique avec l’espoir qu’ils constituent une sorte de référence un peu partout dans le monde. Des représentants des Nations unies et de l’Organisation mondiale du tourisme observeront d’ailleurs de près les discussions.
«Au terme de l’événement, nous souhaitons adopter la Déclaration de Montréal, avec en tête l’objectif d’avoir un monde pour tous. Qu’on soit à Montréal, Chicago ou Tombouctou, l’objectif serait qu’on parle tous le même langage. En ce moment, chaque pays a ses propres normes et les fait respecter à sa façon», indique Mme Ducharme.
Cent vingt-neuf conférences sont présentées lors de l’une ou l’autre des quatre journées de l’événement. L’accessibilité des pourvoiries, les difficultés rencontrées par les personnes handicapées dans les avions et les bonnes pratiques de nombreuses destinations seront notamment au coeur des discussions.
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