MONTRÉAL – Des avalanches et de violents blizzards qui ont balayé le centre du Népal mardi et mercredi ont fait au moins 27 morts, dont quatre Canadiens.
Des secouristes à bord d’hélicoptères militaires ont secouru jeudi des dizaines de randonneurs et récupéré au moins dix corps. Environ 70 personnes manquent toujours à l’appel près du populaire sentier de l’Annapurna et le bilan risque de s’alourdir, a prévenu un représentant de l’Association des randonneurs du Népal.
Mercredi, un porte-parole de l’agence Terra Ultima de Montréal, qui se spécialise dans les voyages en montagne, a confirmé à La Presse Canadienne que trois des victimes canadiennes sont des Québécoises, soit deux femmes dans la cinquantaine et une autre femme dans la trentaine. L’une d’elles était guide.
L’avalanche qui a emporté le groupe est survenue à Phu, dans le nord du pays.
Le sentier de l’Annapurna, à 160 kilomètres au nord-ouest de la capitale, Katmandou, était bondé de touristes puisque le mois d’octobre est le plus populaire auprès des randonneurs, en raison du temps frais et clément. Plusieurs Népalais se trouvaient aussi sur le sentier, en raison de différents festivals.
Au moins 12 personnes ont été tuées mardi quand un blizzard a soudainement frappé la région du déflié de Thorong La. Les corps de quatre randonneurs ont été récupérés dans ce secteur quand la tempête a cessé. Une quinzaine de personnes ont été hospitalisées à Katmandou.
Le blizzard semble aussi avoir contribué à un avalanche qui a emporté au moins huit personnes dans la région de Phu, dans le district voisin de Manang, mercredi. Un randonneur indien et trois villageois ont été tués en plus des quatre Canadiens. Les corps des villageois ont été récupérés mercredi.
Un porte-parole du gouvernement a prévenu qu’il faudra plusieurs jours avant de récupérer tous les corps. Trois randonneurs canadiens qui ont survécu à l’avalanche ont été transportés par hélicoptère vers un village voisin. On ne sait rien de leur état de santé.
L’avalanche a été causée par un phénomène tout à fait imprévisible, la région ayant reçu plus d’un mètre de neige durant le blizzard causé par le cyclone qui a frappé l’Inde voisine il y a plusieurs jours.
«C’est un événement comme notre tempête de verglas ou les inondations du Richelieu; ce n’est pas prévisible, ce n’est pas commun, ça n’arrive jamais», a expliqué à La Presse Canadienne l’explorateur Bernard Voyer, qui s’est rendu à maintes reprises dans l’Himalaya.
«Il a neigé même là où il ne devrait pas neiger, c’est-à-dire sur le sentier à 3000, 4000 mètres d’altitude», a-t-il ajouté.
Selon M. Voyer, ce genre de grande randonnée pédestre, bien que présentant certains risques comme toute activité de plein air, est habituellement sans grand danger.
«Bien sûr que le risque est là, tout comme le risque de chutes de pierres, qui est bien plus fréquent. Vous êtes en montagne, vous longez des falaises rocheuses…», a-t-il laissé tomber.
Dans ce cas-ci, toutefois, l’importante chute de neige à ce moment-ci de l’année a créé une situation dangereuse.
«Ce trois pieds de neige, si elle est poudreuse, il n’y a pas trop de problèmes. Mais il suffit que le soleil apparaisse et cette neige s’alourdit. Elle peut passer de 30 kilos le mètre cube à 200, 300, 500, même 600 kilos le mètre cube. Elle devient humide, lourde et ne tient plus en en place sur une pente raide et ça provoque une avalanche», a expliqué l’alpiniste québécois.
Les autorités signalent que la récupération des corps pourrait prendre plusieurs jours, ce qui n’est guère surprenant puisque les sentiers sont habituellement situés à flanc de montagne, avec une muraille abrupte d’un côté et de profonds ravins de l’autre.
«Ce mur de neige compactée qui arrive à des vitesses dépassant les 100 kilomètres à l’heure sur vous, il est fort probable qu’il vous emporte dans le ravin, à 100, 200 mètres plus bas, a dit Bernard Voyer. Donc, pour les recherches, comment faire? Ce sont des pentes très raides. Comment voulez-vous qu’ils aillent chercher dans la neige épaisse sur des pentes très raides, dans des ravins profonds et difficiles d’accès?»
Cinq autres randonneurs sont portés disparus à la suite d’une autre avalanche, celle-là sur les flancs du mont Dhaulagiri. Les alpinistes, deux Slovaques et trois guides népalais, se trouvaient au camp de base alors qu’ils s’apprêtaient à prendre d’assaut le septième sommet au monde, à 8167 mètres (26 800 pieds).
Le mois d’octobre est le plus populaire chez les randonneurs attirés par l’Himalaya, alors qu’ils s’y présentent par milliers. En avril dernier, une avalanche près du camp de base du mont Everest avait emporté 16 personnes.
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