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Déjà, les données sur la croissance économique pour les six premiers mois de l’année — 0,7 % au Québec et 3,1 % pour l’ensemble du Canada — m’avaient inquiété. Mais celles rendues publiques, vendredi, sur le marché de l’emploi, me sidèrent.
Alors qu’il se crée des emplois supplémentaires sur tout le continent, l’économie du Québec semble figée.
Comparons d’abord les données canadiennes et québécoises.
En septembre, l’économie canadienne compte 74 000 emplois supplémentaires — 93 % d’entre eux à temps plein. Toutes les provinces canadiennes ont ajouté des emplois à temps plein durant ce mois, sauf une.
Au cours du même mois, l’économie québécoise a perdu 30 900 emplois à temps plein, compensés par l’ajout de 43 000 postes à temps partiel.
Le bilan est donc positif, puisque l’on parle de 9 400 emplois supplémentaires, ce qui fait bouger le taux de chômage de 7,7 % à 7,6 %. Il est descendu de 7,0 % à 6,8 % au Canada, le plus bas niveau depuis 2008.
Ce bilan cache néanmoins des faiblesses majeures.
Depuis 12 mois, l’économie ontarienne a ajouté 36 500 emplois à temps plein, alors que le Québec en a perdu 30 900. Même en tenant compte de l’emploi à temps partiel, le Québec ajoute, depuis un an, 1 000 emplois en moyenne par mois. La moyenne est de 12 000 par mois au Canada, ce qui est déjà faible, et de 213 000 aux États-Unis .
Nous sommes évidemment à des années-lumière de l’engagement libéral d’ajouter 50 000 emplois supplémentaires par année, ou 250 000 en cinq ans. Le ministre des Finances a d’ailleurs eu la sagesse de reconnaître, la semaine dernière, que le gouvernement ratera sa cible de création d’emplois pour 2014.
Quelques éléments m’inquiètent particulièrement.
Depuis juillet, le taux de chômage à Montréal est au dessus de 10 %. C’est une situation unique dans les grandes villes canadiennes.
Le taux de chômage chez les immigrants reçus est de 12,2 % au Québec, contre 8,9 % en Ontario.
La torpeur du marché de l’emploi est relié à la faiblesse du secteur privé. Depuis 12 mois, et malgré ce que l’on pourrait croire, l’emploi a augmenté dans le secteur public, et le nombre de travailleurs autonomes est aussi en hausse. Malheureusement, il se perd des jobs dans le secteur privé.
Sans un secteur privé fort et une croissance économique soutenue, le gouvernement aura beaucoup de difficulté à atteindre ses objectifs budgétaires, et les emplois perdus dans le secteur public ne pourront pas être absorbés par le privé.
Enfin, il y a beaucoup de nuages sur l’économie mondiale, et les marchés craignent une nouvelle récession mondiale. Le Québec entrerait déjà affaibli dans une forte zone de turbulences.
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À propos de Pierre Duhamel
Journaliste depuis plus de 30 ans, Pierre Duhamel observe de près et commente l’actualité économique depuis 1986. Il a été rédacteur en chef et/ou éditeur de plusieurs publications, dont des magazines (Commerce, Affaires Plus, Montréal Centre-Ville) et des journaux spécialisés (Finance & Investissement, Investment Executive). Conférencier recherché, Pierre Duhamel a aussi commenté l’actualité économique sur les ondes du canal Argent, de LCN et de TVA. On peut le trouver sur Facebook et Twitter : @duhamelp.
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