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En mars dernier, L’actualité dévoilait le tout premier Indice québécois d’équité entre les générations (IQEG), que j’ai créé avec l’aide d’un petit groupe d’économistes pour le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec.
Cet indice était composé de 27 indicateurs centrés sur les 25 à 34 ans. Il démontrait que le niveau de vie des jeunes s’est amélioré entre 1986 et 2011, signe d’une équité entre les générations.
Par contre, une discussion d’enjeux futurs qui accompagnait l’indice mettait en doute la soutenabilité de ce niveau de vie, ce qui est un signe potentiel de manque d’équité intergénérationnelle.
Mais qu’en est-il des autres groupes d’âge ? Est-ce que leur niveau de vie a aussi augmenté ? C’est à cette question que j’ai tenté de répondre en recalculant l’Indice québécois d’équité entre les générations pour les 55 ans et plus.
Ce dernier couvre la même période et est composé de 25 des 27 mêmes indicateurs. J’ai donc éliminé deux des indicateurs, qui n’avaient pas, à mon avis, un effet assez substantiel sur le niveau de vie des 55 et plus.
Certains, dont l’augmentation était vue comme négative pour les jeunes, sont vus comme positifs pour les aînés, tels que l’âge moyen des députés et le pourcentage des dépenses qui va à la santé. Dans ce premier billet, je ne ferai que présenter l’indice et ces sous-indicateurs. Je le commenterai plus longuement dans mon prochain texte.
Comme on peut le voir dans le graphique ci-dessous, qui illustre la progression de l’indice, le niveau de vie des 55 ans et plus a augmenté significativement depuis 25 ans. L’IQEG, centré sur les 25 à 34 ans, comparait essentiellement les générations X et Y de notre époque à leurs parents baby-boomers lorsqu’ils étaient jeunes.
L’indice des 55 ans et plus dévoilé ici compare principalement les baby-boomers d’aujourd’hui à leurs parents de la génération surnommée grandiose. Pour moi, qui ai 31 ans, c’est un peu comme comparer mes parents à mes grands-parents.
L’indice même, en 2011, est de 123,6, mais le chiffre en soi dit très peu. La comparaison avec l’indice des 25 à 34 ans, qui est de seulement 114,3 pour cette même année, est plus intéressante. Elle indique que le niveau de vie des 55 ans et plus a progressé plus vite que celui des 25 à 34 ans dans les 25 dernières années.
En regardant chacun des 25 indicateurs, on constate aussi que 18 d’entre eux ont progressé. Pour une description complète de ces indicateurs et les détails de la méthodologie de calcul de l’indice, vous pouvez aller voir le rapport complet sur l’IQEG.
Pris de manière individuelle, plusieurs de ces indicateurs sont fascinants. Parmi ceux qui se sont le plus détériorés, il y a la dette publique nette par habitant, qui a quasiment doublé, et le ratio du prix des maisons au revenu des 55 et plus, qui a augmenté de presque 50 %.
Le revenu médian après impôt, de son côté, a augmenté de 31 % depuis 1986 et de 63 % depuis 1976, passant de 13 099 dollars à 21 378 dollars. Ce revenu médian inclut tout, sauf les retraits de comptes bancaires normaux (donc les retraits des comptes REER, les revenus de la RRQ et les régimes de retraite publics et privés).
Sa forte augmentation témoigne de toutes les politiques de lutte à la pauvreté chez les aînés, mais il est toujours très bas. C’est d’ailleurs un des indicateurs qui m’a le plus surpris en calculant cet indice : j’avais toujours pensé que les aînés avaient de beaux salaires en moyenne, alors qu’en réalité, ils font toujours partie du groupe d’âge avec les revenus les plus bas.
Finalement, les deux indicateurs qui sont pour moi les plus puissants (et qui se sont le plus améliorés) sont les taux de diplomation secondaire et universitaire. Entre 1986 et 2011, ce taux est passé de 26 % à 65 % au secondaire et de 5 % à 16 % à l’université. Si on regarde les 25 à 34 ans aujourd’hui, on observe qu’en deux générations, les taux d’obtention des diplômes secondaire et universitaire sont passés, respectivement, de 26 % à 91 % et de 5 % à 31 %.
C’est tout de même un progrès fulgurant. J’espère que nous poursuivrons dans la même direction et que la génération de mes petits-enfants aura un taux de diplomation universitaire de plus de 90 % !
NOTE : Pour certains indicateurs qui n’étaient pas disponibles en 1986, le chiffre présenté dans la colonne «1986» est le plus ancien qu’il était possible de trouver.
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Alexis Gagné est analyste stratégique à la Fondation Chagnon, qui vise à prévenir la pauvreté en misant sur la réussite éducative des enfants du Québec.
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