C’est le temps de vous faire une confession difficile, de faire le genre de sortie de garde-robe qui a déjà divisé bien des familles et brisé bien des vies. Non, je ne suis pas un partisan des Bruins. C’est peut-être bien pire, en fait : je n’écoute pas le hockey. Pas du tout.
Le Canadien ? Il m’intéresse autant que le club de mini-golf de Cartierville. Peut-être même moins.
Quand on me parle de la «fièvre des séries», je me concentre davantage sur la partie «fièvre» que sur la partie «séries». Quelle maladie cache cette fièvre ? Ne devriez-vous pas tous être au lit, plutôt que dans un bar ?

Vous prendrez bien une pointe de Plekanec ?
Je ne connais tellement rien au hockey qu’à un jeu-questionnaire intitulé «Est-ce le nom d’un joueur ou celui d’un plat traditionnel russe ?», j’échouerais lamentablement.
Et vous auriez dû voir ma surprise quand j’ai appris que Mac Templeton ne jouait plus avec le National !
Au Québec, ce peu d’intérêt pour les Glorieux nous place, nous, les abstinents du hockey, dans un club sélect. Nous sommes un groupe restreint aux goûts étranges, un peu comme ceux qui ont acheté le disque de Jacques Villeneuve parce qu’ils trouvaient ça bon.
Les sans-hockey traversent les «séries minatoires» comme on traverserait une ville dont la langue principale nous est inconnue. Partout autour de nous, ça parle hockey, et nous ne pigeons que dalle.
On sait, bien sûr, que le Canadien (appelé «on» par le reste de la population, comme dans «on fait les séries») est dans la course pour la Coupe. On le sait parce que… parce que nous avons des yeux et des oreilles. Au Québec, ça suffit. Où est Canadien ? Canadien est partout.
Les jours de match, de même que les jours avant et après le match, Facebook et Twitter sont pris d’assaut par les amateurs de sport (bonsoir !). Ceux-ci s’empressent d’écrire «Et le buuuut !», comme s’ils oubliaient que tout le monde sur Twitter regarde le même match et l’a bien vu, le but.
L’émission du matin à la radio est hockey. La télé est hockey. Les autobus de la STM encouragent le Canadien. Toutes les entreprises s’essaient à une publicité thématique. On est presque surpris que le gouvernement Couillard n’ait pas tenté une audacieuse campagne «Ça sent les coupes !» pour faire la promotion de son budget à venir.
Les abstinents du hockey comme moi regardent tout ça avec un peu d’incompréhension. Dans un bar, un soir de match, il faut se retenir d’aller expliquer au «fan» venu avec son gilet en flanelle sanctifiée que les joueurs dans la télé, ils ne peuvent pas le voir, son chandail du CH.
Vous devriez nous tomber sur les nerfs, chers hockeyphiles, mais non. Ou si peu. Parce que les gens passionnés, c’est toujours beau. Vous animez la ville d’une ferveur qui fait du bien. Vous avez les yeux qui brillent et de l’espoir plein le cœur. C’est vraiment beau à voir.
Cela dit, ça fait quand même un mois qu’on ne parle que de hockey, et on commence à en avoir plein le casque, avec ou sans visière. Il est temps que ça se termine. Faque… New York en quatre.
Go ! Rangers, Go !
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À propos de Mathieu Charlebois
Ex-journaliste Web à L’actualité, Mathieu Charlebois blogue maintenant sur la politique avec un regard humoristique. Il est aussi chroniqueur musique pour le magazine L’actualité depuis 2011 et collabore au webmagazine culturel Ma mère était hipster, en plus d’avoir participé à de nombreux projets radio, dont Bande à part (à Radio-Canada) et Dans le champ lexical (à CIBL). On peut le suivre sur Twitter : @OursMathieu.
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