Le bitchage peut paraître futile, mais il conduit parfois au suicide. Les nouvelles mentionnent trop souvent les cas d’adolescents s’étant enlevés la vie après avoir vu leur réputation salie par leurs pairs.
Peut-on s’empêcher de bitcher ?
Plusieurs études ont conclu que cette attitude est une conséquence de l’évolution : les femmes, plus sujettes à utiliser ce mode d’agression indirecte, entreraient en compétition pour les ressources nécessaires à leur survie et à leur reproduction. D’autres recherches tendent à donner une explication davantage culturelle : pour les femmes, médire serait la forme de compétition la plus acceptable en société.
« Les hommes se dénigrent sur les choses que les femmes valorisent [la protection, les moyens et le statut], et les femmes se dénigrent sur les choses que les hommes valorisent [la fidélité sexuelle et l’attirance physique] », résume pour The Atlantic le psychologue David Buss, auteur de The Evolution of Desire : Strategies of Human Mating.
Pour les besoins d’une étude, en Ontario, 86 femmes ont été divisées en groupes de deux – certaines paires rassemblant deux amies, d’autres étant composées de personnes totalement étrangères l’une à l’autre – avant d’être conduites dans un laboratoire de l’Université McMaster.
Pensant participer à une étude sur l’amitié féminine, elles ont vite été interrompues par une femme qui, pour la moitié des participantes, était accoutrée de manière sexy, et pour l’autre moitié, de façon plus conservatrice.

Photos : Agressive Behavior
Tracy Vaillancourt, professeure de psychologie à l’Université d’Ottawa, ainsi qu’Aanchal Sharma, doctorante en la matière, ont alors observé le bitchage auquel se sont livrées les participantes une fois la femme en question sortie.
Les participantes se sont révélées bien plus propices à être désobligeantes envers la femme à l’allure sexy, et leur réactions étaient encore plus prononcées lorsqu’elles se trouvaient être des amies. « Qu’est-ce que c’est que ce truc ?! », s’est exclamée l’une des participantes en désignant la femme plus légèrement vêtue.
« En terme de bitchage, c’était un 10 sur 10 », a expliqué Vaillancourt à The Atlantic. La professeure s’intéresse depuis longtemps à l’intimidation et à la popularité. Selon elle, cette étude tend à montrer que les femmes s’en prennent les unes aux autres simplement à cause de leur allure parfois légère. Ainsi naît le bitchage, ou, cliniquement parlant, l’« agression indirecte ».
« On le fait d’une manière à ne pas être vu, explique Vaillancourt. Ou alors, on invente une excuse pour notre attitude, du genre « Je plaisante ». Les agressions directes sont ce qu’elles sont, à savoir des agressions physique ou verbale. »
La professeure Vaillancourt a conduit une autre expérience avec les 86 participantes. Elle leur a montré trois photos : une de chacune des deux femmes décrites précédemment, et une autre de la femme à l’allure sexy retouchée avec un logiciel photo afin de la faire apparaître plus imposante.

Photos : Agressive Behavior
Elle leur a ensuite demandé si elles voudraient être amies avec les femmes sur ces images, si elles accepteraient de les présenter à leur compagnon et si elles les laisseraient passer du temps seules avec lui.
« Non » fut la réponse dominante aux trois questions quand il s’agissait de la femme à l’allure sexy, mince ou pas. Elles étaient cependant trois fois plus enclines à laisser la femme habillée de manière plus conservatrice passer du temps en compagnie de leur homme.
Pour Vaillancourt, cela prouve que les femmes « sont menacées, désapprouvent ou punissent celles qui ont l’air ou se comportent de manière légère », et ce, quel que soit leur poids.
Puisque la mesquinerie nuit à l’estime de soi des victimes, peut-on s’en débarrasser ? La professeure Vaillancourt le croit. « Les études montrent que si on change la cognition, on change le comportement. Cette attitude fait du mal. Les gens en viennent à déprimer s’ils sont attaqués de cette manière.
Pour David Buss, cependant, l’optimisme n’est pas de mise, puisque, par l’évolution ou le conditionnement, le bitchage est devenu un réflexe.
« Pour que cela change, il faudrait que les hommes arrêtent de priser la fidélité sexuelle et l’attirance physique chez leurs compagnes à long terme. Or, ce n’est pas prêt d’arriver. Les préférences sexuelles des hommes sont aussi ancrées que les préférences alimentaires pour les choses riches en gras et en sucre. »
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