De grandes comme de petites nations ont rivalisé d’originalité à un moment ou à un autre pour attirer l’attention du monde ou, simplement, pour avoir gain de cause.
Voici quelques rituels et gestes diplomatiques qui changent du cocktail en tenue de soirée chez Monsieur l’Ambassadeur et de la réunion au sommet au Ritz-Carlton.
Suer pour négocier
Les Finlandais ont l’habitude de faire grimper la température pendant les négociations diplomatiques. Littéralement.
La république nordique au profil international bas a décidé d’attirer l’attention dans les capitales étrangères en tenant réceptions et réunions dans l’intimité du sauna, emblème culturel finnois dont disposent à peu près toutes ses ambassades.
Échanger quelques informations privilégiées en tenue d’Ève ou d’Adam (ou en maillot) à 80 oC aurait ses vertus diplomatiques. «Vous ne pouvez pas garder une carte dans votre manche lorsque vous n’en portez pas, a déjà expliqué l’actuel secrétaire d’État du ministère des Affaires étrangères, Pertti Torstila. Si vous discutez et vous entendez sur quelque chose lorsque vous êtes nus, difficile ensuite de ne pas tenir parole !»
Étrangement, Helsinki n’a pas cru bon munir d’un sauna son ambassade dans la deuxième capitale la plus froide du monde, Ottawa…
Deux pandas géants pour les bonnes relations
La meilleure façon d’éviter que votre cadeau officiel ne s’empoussière dans les décombres d’un bureau est… qu’il soit vivant. Et menacé d’extinction.
Depuis le VIIe siècle, la Chine offre une paire de pandas à des pays tiers afin de souligner leurs bonnes relations. Disparue pendant des siècles, la tradition a été ravivée en 1958.
Le moment fort remonte à 1972, lorsque Richard Nixon reçut Ling Ling et Hsing Hsing lors de sa visite en Chine, la première de l’histoire pour un président américain. Pékin a donné 23 pandas à neuf pays différents jusqu’en 1982, après quoi les mangeurs de bambous ont été prêtés pour une période de 10 ans.
L’horrifiant présent diplomatique à John Quincy Adams
D’habitude, les présidents américains ont des chiens. John Quincy Adams, lui, avait un alligator, cadeau du Marquis de La Fayette — un aristocrate français qui avait grandement contribué à la Guerre d’indépendance.
Le sixième président des États-Unis (1825-1829) l’a gardé quelques mois dans l’une des salles de bains de la Maison-Blanche, pour le simple plaisir, avouait-il, «du spectacle des invités horrifiés fuyant la pièce».
Parler avec ses broches
La secrétaire d’État du président américain Bill Clinton, Madeleine Albright, maîtrisait l’art du symbole avec élégance.
Lors de ses rencontres officielles avec les leaders étrangers, elle choisissait méticuleusement les broches qu’elle allait porter en fonction du message qu’elle voulait livrer. Son arsenal en comprenait plus de 300 !
Par exemple, en 2000, Madame Secretary avait agrippé à son tailleur trois singes se bouchant les oreilles, les yeux et la bouche à l’occasion d’une rencontre avec Vladimir Poutine. Traduction : vous faites la sourde oreille, vous fermez les yeux et vous ne dites mot sur les droits de l’homme bafoués dans votre guerre en Tchétchénie. Le chef du Kremlin n’avait pas apprécié…
Cette habitude de la secrétaire américaine avait commencé après que Saddam Hussein l’eut traitée de « serpent ». Quelque temps plus tard, au moment d’une rencontre avec des représentants irakiens, Mme Albright arbora un serpent entortillé, symbole de la révolution américaine, historiquement accompagné du message «Don’t tread on me !» (Ne me marchez pas dessus !).
Le bluff qui mit fin au conflit
La signature des Accords de Dayton — qui ont mis un terme à trois ans de conflit interethnique en Bosnie-Herzégovine, en 1995 — est l’un des plus grands succès diplomatiques de l’histoire américaine récente. Et c’est un bluff qui a sauvé la mise.
Les pourparlers étaient dans l’impasse entre Serbes, musulmans et Croates dans la ville grisâtre de Dayton, en Ohio, lorsque le négociateur en chef, le grand diplomate Richard Holbrooke (décédé en 2010), a feint le départ des Américains.
En catimini, il a alors demandé aux délégués américains de laisser leurs bagages sur le trottoir, pour faire comme s’ils quittaient définitivement les lieux. Il ne fallait pas plus que ce signe ultime d’échec pour que les parties retournent à la table des négociations…
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