Après un cambriolage spectaculaire dans une bijouterie de la place Vendôme, quatre truands en cavale se barricadent dans la ferme isolée d’une vétérinaire, qu’ils ont prise en otage et qu’ils s’amusent à terroriser. Ils croient avoir trouvé la planque idéale, mais quand le mari policier rapplique, les malheureux ne tardent pas à apprendre sur quels ogres ils sont tombés… Karine Giébel, qui avait déjà aiguisé ses instruments de torture dans Juste une ombre, prend un plaisir tellement sadique à faire souffrir ses personnages que Purgatoire des innocents ressemble plutôt à un long séjour en enfer. Accrochez-vous à vos estomacs ! (Fleuve noir, 600 p., 33,95 $) M.D.
Faussement accusé du meurtre de sa femme et de ses deux enfants, Robert Dell part en cavale, dans une Afrique du Sud postapartheid corrompue jusqu’à la moelle, sur la trace du vrai meurtrier. Ce thriller sud-africain qui démarre sur les chapeaux de roues ne vous laissera pas souffler avant la toute dernière page. Vous pourriez lire ce livre ou faire un tour de montagnes russes par un soir de grande chaleur avec un fusil sur la tempe et assis sur une bombe à retardement, l’effet serait le même. (Le sable était brûlant, par Roger Smith, Calmann-Lévy, 340 p., 32,95 $) E.D.
« J’ai regardé dans l’abîme et décidé d’y plonger. » Ainsi s’exprime Theodore Tate, ex-policier néo-zélandais devenu détective privé, quand il se met à voler des pièces à conviction, à harceler un prêtre et à enterrer les preuves de ses homicides. La déchéance, pour lui, a débuté avec la mort de sa fille, et elle se poursuit avec son enquête sur le mystère du cimetière de Christchurch, où des morts ont été délogés de leur tombe et remplacés par les cadavres de jeunes filles fraîchement tuées. Et puisqu’il a traversé « du mauvais côté de la barrière », il s’arrange pour être irrémédiablement damné. Roman noir s’il en est, Nécrologie est à marquer d’une pierre tombale dans l’œuvre de Paul Cleave. (Sonatine, 432 p., 34,95 $) M.D.
La Clairière n’est pas une garderie comme les autres : attenante à un centre de détention psychiatrique, elle accueille les enfants des criminels internés, qui rendent chaque jour visite à leurs parents en empruntant un couloir souterrain. De plus, son nouveau puériculteur n’a rien de rassurant : il a déjà enlevé un enfant sous sa responsabilité, et il cherche à entrer en contact avec une des détenues, dont il est obsédé… Tout l’accuse, et pourtant il n’est pas aussi louche qu’il en a l’air. Quatrième roman du Suédois Johan Theorin, Froid mortel joue avec nos pires peurs à l’égard des enfants, pour mieux nous faire goûter ensuite au cauchemar des fausses accusations. (Albin Michel, 448 p., 31,95 $) M.D.
Montréal, ville ouverte
Jérôme Ménard, surnommé le « roi de la Main », est las de la petite combine de protection qu’il gère sur le boulevard Saint-Laurent des années d’après-guerre. C’est le trafic de l’héroïne qui l’intéresse maintenant. Mais il trouvera sur son chemin un obstacle de taille : la mafia montréalaise. Fruit d’un travail pointilleux de recherche, ce livre vous emmènera dans une Montréal que vous reconnaîtrez à peine, celle de Lili Saint-Cyr, des gangsters ambitieux et des fumeries d’opium. (Tout homme rêve d’être un gangster, par Jean Charbonneau, Québec Amérique, 280 p., 24,95 $) E.D.
Les écrits restent
L’étrange destin de Katherine Carr est un mystère enveloppé dans une énigme : la disparition d’une jeune écrivaine qui a laissé, comme seul indice de ce qui a pu lui arriver, une collection de textes présageant sa mort aux mains d’une société secrète de tueurs en série. Vingt ans plus tard, un rédacteur de nécrologies, lui-même hanté par la mort de son fils assassiné, cherche à exorciser ses démons en tentant de résoudre l’affaire Carr… et en punissant lui-même le coupable. Fidèle à son habitude, Thomas H. Cook nous livre ici un roman au dénouement ambigu, qui explore le thème de la disparition avec une remarquable érudition. (Seuil, 304 p., 29,95 $) M.D.
Omelette norvégienne
À Oslo, le nombre de décès par surdose a peut-être diminué, mais les junkies s’entretuent maintenant pour quelques particules de fioline — une drogue (fictive) trois fois plus puissante que l’héroïne. Son trafic est contrôlé par l’insaisissable Dubaï, qui se débarrasse de ses ennemis comme de ses collaborateurs de très violente façon. Pour coincer cet ennemi sans visage et innocenter son beau-fils, accusé du meurtre d’un petit trafiquant, l’ex-policier Harry Hole devra recourir aux mêmes méthodes et verser beaucoup de sang. Pas de doute : nous sommes bien dans un roman de Jo Nesbø — et Fantôme démontre une fois de plus que Harry Hole est le digne héritier des détectives durs à cuire de Raymond Chandler. (Gallimard, 558 p., 29,95 $) M.D.
Méthode freudienne
À Varsovie, dans le plus sinistre ghetto de la Deuxième Guerre mondiale, des cadavres d’enfants juifs sont retrouvés accrochés aux barbelés, sauvagement mutilés. Le grand-oncle de l’une des victimes, ancien psychiatre formé à Vienne, est déterminé à découvrir ce qui leur est arrivé. Son enquête le mène auprès du Conseil juif, d’une chorale d’enfants, d’un médecin pratiquant secrètement des avortements, mais n’aboutit à rien — jusqu’à ce qu’il emprunte l’un des passages secrets du marché noir et traverse du côté nazi. Là, il est appelé au chevet d’une jeune Allemande amnésique, et l’analyse de son rêve va tout lui révéler. Bien plus qu’un thriller historique, Les anagrammes de Varsovie, de Richard Zimler, est un hommage à la force d’âme des Juifs polonais. (Buchet/Chastel, 346 p., 37,95 $) M.D.
Pas étonnant que la série d’enquêtes de l’attachant (et très cultivé) inspecteur Brunetti soit un succès planétaire. Campé dans une Venise frappée par une canicule accablante, Brunetti et le mauvais augure, de la prolifique Donna Leon, met en scène un devin charlatan qui détrousse les vieilles Vénitiennes, une magistrature juste assez corrompue pour être crédible et un cadavre qui, par cette chaleur, mettra bien du temps à refroidir. Même les tramezzini, ces petits sandwichs triangulaires servis dans les cafés, y font quelques apparitions. L’auteure, originaire du New Jersey, vit à Venise depuis 20 ans. Elle en a, c’est indéniable, appris les usages et les coutumes qui échappent au visiteur. Le lecteur retrouvera ou découvrira une Venise inédite. Sensible et fin. (Calmann-Lévy, 286 p., 32,95 $) E.D.
Un homme sollicite les services d’un prostitué dans sa voiture, près du pont Jacques-Cartier. À peine l’affaire finie, le client a le mauvais goût de mourir d’un infarctus sous les yeux du jeune homme. Ce sont les risques du métier. Des années plus tard, dans la petite ville de Milton, l’enquêteuse Chloé Perreault, de la Sûreté du Québec, tente d’expliquer la mort d’un homme retrouvé battu, les mains brûlées, dans un parc. Entre ces deux cadavres liés par la même histoire, l’auteur François Gravel nous invite à une réflexion sur le bien et le mal. Qu’auriez-vous fait à la place des protagonistes de cette histoire ? C’est la question qu’il semble nous poser. (Nowhere Man, Québec Amérique, 256 p., 24,95 $) E.D.
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