Haut parleur
Né à Montréal-Nord, grandi à Saint-Eustache, établi à Limoilou, Koriass (Emmanuel Dubois) a 29 ans, quelque chose de Marc-André Grondin, pas de gros mots à la bouche, une copine enseignante de droit, une petite fille de deux ans. Tombé dans le rap à l’adolescence, plébiscité par des joutes verbales sur Internet, il déclame, sur des musiques plus ouvragées que celle de ses pairs, un rap introspectif et autodérisoire, scande des expressions-chocs, des rimes déstabilisantes, des fusées d’humour (« France D’Amour chante mes tounes dans sa douche »).
Deux albums sous le bras — Les racines dans le béton et Petites victoires —, Koriass va cet été, avec DJ, bassiste et batteur, répandre sa bonne parole dans quelques festivals et plusieurs villes de l’est du Québec (calendrier). Mais il participe d’abord, avec d’autres artistes, au grand spectacle de la Fête nationale du Québec à Montréal le 24 juin (parc Maisonneuve).
Les gens pensent souvent que le rap est une musique d’abrutis.
Les préjugés sont fondés sur un fond de vérité ! Pour rapper, il suffit d’un ordinateur et d’un micro : c’est pourquoi il y a beaucoup de rappeurs et pas mal de fast-food. Sans dénigrer personne, je dirai que le rap québécois est assez juvénile. J’essaie d’y ajouter une valeur intellectuelle, de la substance.
Le rap parle beaucoup de morale : « Fais attention à ta vie, restes-en maître. » Avez-vous l’impression de donner des leçons ?
C’est le genre qui veut ça. Plus jeune, j’avais un ton édifiant, premier degré : « Protège-toi si tu ne veux pas de MTS. » Aujourd’hui, je m’efforce de faire passer mon message moins frontalement.
Estimez-vous avoir un rôle social ?
Je ne me réclame pas comme un rappeur engagé, c’est trop lourd à porter. Par contre, je n’ai pas d’autre choix que d’assumer mon rôle social. Je communique beaucoup avec mes fans sur les réseaux sociaux. Tantôt, j’ai reçu le message d’une fille dont le frère, autiste, est en train de mourir. Elle essayait de lui trouver un camp de jour près de chez elle. Elle a vu que 18 500 personnes suivaient ma page Facebook. Elle m’a demandé de relayer sa demande.
Vous affichez votre sensibilité, mais le rap, n’est-ce pas de la grosse testostérone ?
Je ne crains pas de montrer mes failles. Dans « Petites défaites », qui ouvre l’album Petites victoires, j’énumère les défauts que je traîne depuis des années et qui me tapent sur les nerfs : «procrastineux», «obstineux», «immature». D’un autre côté, il y a des lignes où je me vante exagérément.
Comme dans la chanson « Petites victoires », quand vous écrivez : « Le Québec manquait de fraîcheur, je suis arrivé ici à temps. » Êtes-vous le Martin Matte du rap ?
J’ai mis en ligne un vidéoclip, sorte de making of de mon album, où je dénigre tout le monde avec qui j’ai travaillé en studio. Par exemple, je dis que j’ai accepté la participation de Karim Ouellet [chanteur de Québec qui monte, qui monte] pour lui donner un coup de pouce. Pas nécessaire d’être un fin psychologue pour deviner que cette parade cache une grande insécurité de ma part. Fantasque sur scène, je suis timide dans la vie, toujours en train de m’analyser.
À quoi était due la dépression que vous avez vécue et qui compose la thématique du troisième album, que vous comptez sortir cet automne ?
À quelques facteurs, dont la naissance de ma fille. Je n’ai jamais douté de mes capacités de père, mais j’ai vécu une sorte de post-partum l’an dernier. Cela dit, je ne suis pas idiot, je ne veux pas d’un album déprimant. Au contraire, il sera plus riche musicalement, plus mélodique — et positif, même si je me replonge dans des trucs vraiment poches de ma vie.
Comme quoi ?
Avoir, à 17 ans, lâché l’école pour le rap. Au secondaire, j’ai beaucoup pratiqué l’art dramatique et je visais l’Option-Théâtre du collège Lionel-Groulx, pour devenir comédien. J’y reviendrai.
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