Comme vous le savez peut-être, je suis rentré en France en mars et en avril dernier. J’ai aussi pu enfin voir, en vrai, Eric Lange d’Allo la Planète sur Le Mouv. Comme je ne suis pas souvent sur Paris, je suis passé voir le staff de l’émission et faire un petit « live » au micro au sujet notamment du lancement de ma bourse de voyage avec Wimdu.
Eric Lange a eu envie de me poser cette question : « quelles images as-tu de la France toi qui passe le plus clair de ton temps expatrié à l’étranger ? ».
Il est certain que passer beaucoup de temps hors de son pays permet d’avoir un certain recul sur son pays natal et ses concitoyens. C’et un peu comme être une brique qui sort de son mur, forcément, cela change votre vision des choses, c’est normal. De cela, je m’en étais déjà rendu compte depuis bien longtemps de part mes longs voyages passés et surtout mes expatriations.
Cependant, après deux ans de voyages-expatriation en Amérique du Sud, jamais cette différence n’a été aussi perceptible. De là à dire que plus vous passez du temps à l’étranger, plus ces différences sont importantes, il y a un pas…qui est aisément franchissable. Pour avoir discuté avec des expatriés avec 20 ans derrière eux, je peux vous dire que la vision et la position de ces derniers sur notre pays est bien plus (trop) extrême que la mienne…
Alors, oui la France n’est peut-être pas le paradis. Mais qu’est-ce qui me dérange lorsque je rentre en France ?
Sinistrose, pessimiste et déclin
Tout d’abord, il y a quelques choses que je sens presque dès que je sors de l’avion, c’est, comment dire ? Une certaine ambiance pas très très joyeuse. Certes, vous allez me dire, je commence mal l’affaire en atterrissant à Orly et à CDG qui sont réputés comme étant deux des pires aéroports au monde. Des structures pas très accueillantes, pas très jolies avec un personnel passable, bon, je ne fais que rapporter l’avis des touristes étrangers…
Eh oui, il est vrai que j’ai débarqué là début mars, par un temps gris et froid et en région parisienne. Les bougres, cela devait faire presque six mois qu’il n’avait pas eu de journée chaudes, voire avec un grand soleil qui sait. Et en plus, c’est la crise qui dure. C’est vrai qu’on peut difficilement cumuler comme je l’ai fait.
Bon, enfin, cette ambiance morose, je l’ai ressentie à d’autres moments et en d’autres lieux de France que Paris, donc, voilà les circonstances atténuantes ont leurs limites ! La crise a bon dos.
Non, il y a vraiment une ambiance pesante qui vous tombe sur les épaules. C’est un fait. Les gens, non seulement ne sont pas très souriants, mais en plus ils sont pessimistes. Allez, ce n’est pas un scoop ! Nous avons cette réputation dans le monde, assumons ! Bientôt, cela va finir par arriver devant le cliché du Français qui ne se lave pas. Remarquez, cela serait peut-être mieux. D’après une récente étude justement, les Français sont les plus pessimistes en Europe, ils ont peur de l’avenir et voient tout en noir. Diantre, à ce point ?
D’ailleurs, il y a une expression bien de chez nous qui est révélatrice de notre façon de penser. Vous ne voyez pas ? C’est le fameux « c’est pas mal ! » pour signifier que quelque chose est bien. Savez-vous que cela surprend toujours pas mal d’étrangers ?
Prenons les Colombiens, chantres de l’optimisme dans le monde. France-Colombie sont aux antipodes sur l’échelle du pessimisme, zut non (je suis Francais oui) de l’optimisme. La France est dans le top 5 des nations les plus déprimées, et la Colombie est dans le top 5 des nations les plus optimistes.
Entre les deux, une sacrée différence de richesse, de droits sociaux ou de PIB par habitant et autres statistiques d’économiciens coincés dans leur bureau. Et pourtant…Voilà sans doute pourquoi en Colombie par exemple, on sent vraiment un dynamisme et une joie de vivre…
La plupart des Colombiens ayant vécus en France trouvent cette expression bizarre. Pourquoi ne pas dire que c’est bien au lieu d’un « c’est pas mal » ? Ils n’ont pas tort, vous ne trouvez pas ? Eux, c’est tout l’opposé, ils donnent du « chevere » (super) pour tout. A ce propos, je vous invite à lire cette interview de Maya, une Colombienne vivant en France, intéressant !
Vous l’aurez compris, ce pessimisme, voire cette tristesse, sont bien réels dans notre beau pays. Tout ceci étant savamment entretenu par les médias, toujours aussi étroits d’esprit dans leur majorité. Il faut une Nabila pour dérider un peu tout ce monde, c’est vous dire….Combien de personnes trouvez-vous autour de vous pour vous dire « Vas-y, fonces ! ». Peu, n’est-ce pas ?
Vous souhaitez faire un tour du monde ? Pas sûr que vous allez trouver beaucoup de gens pour vous encourager. Idem si vous souhaitez vous lancer en indépendant ou autre. Sois fonctionnaire, mon fils ! Je ne vous parle pas d’un projet aussi fou que de vouloir vivre d’un blog de voyage….Non pas que ce fut mon but au départ, du moins je n’ai pas osé peut-être l’exprimer autour de moi et à moi-même peut-être par la même occasion. Dans l’histoire, seul un ami m’a encouragé, et ma copine qui était Colombienne. C’est vous dire.
Dommage pour la France et ses habitants, car tout ceci, c’est avant tout dans la tête…
Préoccupations et pensées franchouillardes
Forcément, avec le temps, un décalage se produit avec mes amis. Ce décalage se note tout d’abord dans les sujets de discussions. Immobilier, prêt, bébé, trafic dans le métro ou politique franco-française, j’avoue que je décroche vite en fixant le plafond d’un regard morne. Ce n’est pas de leur faute, à vrai dire, c’est peut-être plus de la mienne.
Ensuite, il y aussi un décalage, ou plutôt un certain éloignement en raison de la distance géographique. Alors, oui, je pourrais faire des progrès au niveau communication avec Skype et autres Facebook. Mais, il n’empêche, c’est un peu une évolution inévitable, non ?
Même avec ceux qui ont voyagé, je ne parle guère de mes voyages. Je sais par expérience que cela n’intéresse que très peu de gens autour de moi. A chaque fois, je ne peux m’empêcher de penser à la citation de Sacha Guitry « Les voyages, ça sert surtout à embêter les autres une fois qu’on est revenu ! » Qu’en pensez-vous ?
Par fainéantise, j’ai désormais un prétexte bien pratique pour ne pas m’engager sur cette pente glissante : « Allez voir mon blog de voyage ». Oui, je sais, je fais dans la facilité, tout le monde a ses faiblesses, que voulez-vous…D’ailleurs, c’est un avantage de tenir un blog de voyage, personne n’est obligé de vous entendre ou de vous lire, le choix appartient à l’internaute.
Tout cela, je vous l’avoue, me dérange profondément. Cela m’attriste à vrai dire. Quoi de plus normal. Surtout que ce n’est pas comme si je m’étais fait de vrais amis sur la route. En voyage, parfois, des relations intenses peuvent vite se créer, ce n’est pas moi qui vais vous dire le contraire. Pour autant, cela reste en général des relations éphémères qui n’ont pas l’épaisseur qu’ont des relations amicales de 10 ans ou plus. J’apprécie les deux, mais la dernière reste importante pour moi.
Une vie d’expatrié = souplesse d’esprit?
Je ne vais pas faire ici dans le cliché en disant que tous ceux qui voyagent sont plus ouverts d’esprit que les sédentaires. C’est faux, vous avez déjà dû vous en apercevoir. Disons plutôt que le voyage est une aide à l’ouverture d’esprit, une aide qui est loin d’être homéopathique. En règle générale, oui voyager ouvre l’esprit et rend moins « con » si vous me passez l’expression.
Voyager, se frotter à d’autres cultures, à d’autres façons de penser au quotidien rend l’esprit plus souple, ou du moins votre esprit devient moins rigide. Car, il ne faut pas se le cacher, tous, avec l’âge, nous avons tendance à devenir moins souples, notre esprit se cristallise sur certains sujets, c’est la vie. Avec certains de mes amis, je vois cette différence dans leurs propos que je trouve très franco-français et franchouillards. Pour moi, cela manque de recul et d’une vision disons plus globale des choses.
Leurs déclarations se font parfois plus réductrices, plus simples. Ils tombent plus facilement dans le cliché. Certains émettent des jugements sur des destinations où ils ne sont jamais allés, ce qui a le don de m’énerver.
En comparaison, je reste dans le « mouv », vu que je passe la majorité de l’année à l’étranger. De ce fait, j’ai vraiment l’impression que, parfois, mon esprit est plus souple, ou du moins, il reste un peu plus souple. Remarquez, c’est peut-être juste une impression hein:-).
Je suis bien sûr toujours super heureux de rentrer en France, il y a plein de côtés qui me manquent et j’apprécie. Je voulais ici parler de ces quelques faits qui me viennent vraiment à l’esprit ces derniers temps.
Les avez-vous perçus vous-mêmes ? Voyez-vous de quoi je veux parler?
Recherches qui ont permis de trouver cet article:
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