Le libéral Bob Rae a fait savoir mercredi qu’il laisserait son siège à la Chambre des communes dès le 1er juillet prochain. Son départ laissera un grand trou à Ottawa.
Entré en politique il y a 35 ans, M. Rae quitte pour se consacrer entièrement à son rôle de négociateur du conseil de bande Matawa dans ses pourparlers avec l’Ontario au sujet du développement de gisements miniers situés sur son territoire ancestral.
Les députés, toutes allégeances confondues, ne sont pas restés indifférents à l’annonce du départ de leur éminent collègue. Plusieurs ont manifesté leur reconnaissance et leur respect dans les heures qui ont suivi l’annonce. Le plus triste est que ce parlementaire aguerri n’aura pas droit à ces hommages en Chambre, là où il excellait.
M. Rae était dans une classe à part. Il faisait de la politique comme on aimerait qu’ils en fassent tous. Avec dignité, intelligence, respect pour l’intelligence du citoyen. Et sans mesquinerie ou intimidation.
Il était un des derniers, sinon le seul, à pouvoir improviser des questions pertinentes, à faire des discours intelligents et inspirés sans avoir besoin de notes, à écouter ses interlocuteurs pour les relancer avec force. Il a toujours eu de l’ambition, mais a démontré à maintes reprises que servir le bien commun, le public et, bien sûr, son parti avait préséance.
Les raisons invoquées pour son départ en sont une autre preuve. Il aurait pu rester député tout en agissant comme médiateur et conseiller juridique de la nation Matawa. La commissaire à l’éthique Mary Dawson lui avait confirmé qu’il n’y avait pas de problème.
«Ce n’est pas une question d’argent, mais de temps. Je ne suis pas payé pour mon travail dans le Nord.» Il ne voyait toutefois pas comment il pouvait servir efficacement à la fois ses commettants et la nation Matawa. «La passion et l’enthousiasme que je ressens à l’endroit des Premières Nations du Canada, le besoin d’en arriver à un autre partenariat entre les premiers peuples du Canada et ceux d’entre nous qui sont venus plus tard est une absolue nécessité», a-t-il dit à sa sortie du caucus libéral.
En entrevue à la CBC, il a aussi reconnu la frustration qu’un député peut ressentir entre les élections, surtout dans l’opposition et quand il veut changer les choses.
Vous trouverez ici une (longue) entrevue qu’il accordait à Macleans, il y a un an et demi. Il est question de sa carrière, de son plaisir d’être en Chambre, de son respect pour le Parlement et ainsi de suite. Et ici, une trop courte biographie suivie d’une série de textes qu’il a écrits pour le Huffington Post, dont un sur ses raisons d’être libéral.
Et voici le texte intégral de la déclaration qu’il a émise mercredi:
Il y a quelques mois, j’ai accepté de travailler avec le conseil autochtone Matawa dans le Nord de l’Ontario à titre de négociateur pour discuter avec le gouvernement de l’Ontario.
L’exploitation minière dans le cercle de feu du Nord de l’Ontario aura de fortes répercussions sur les collectivités de la région et des environs. Ses effets positifs ne sont toujours pas connus et dépendront de l’issue des discussions en cours, qui ne peuvent que s’intensifier à l’avenir.
Il s’est avéré que mes nombreuses fonctions de négociateur n’étaient plus compatibles avec mes fonctions de député. Je devais donc faire un choix. J’ai décidé de reprendre ma profession d’avocat et de médiateur, de continuer mon travail auprès du conseil autochtone Matawa et de quitter mes fonctions de député de Toronto-Centre.
Ce fut une décision difficile. J’ai été élu au Parlement pour la première fois en 1978. Je suis profondément honoré d’avoir eu l’occasion de servir mon pays au cours des cinq dernières années et de diriger le Parti libéral qui connaissait une vague de changement et de renouveau. Je me suis fait de merveilleux amis et je suis très fier du travail de renouvellement et de reconstruction accompli ces dernières années. Je quitte le parti confiant qu’il est en bon état.
En tant que chef intérimaire, je suis particulièrement heureux d’avoir pu défendre les questions autochtones et de discuter de l’importance de la santé mentale avec mes collègues. J’ai aussi apprécié que Stephane Dion, Michael Ignatieff et Justin Trudeau m’ait fait confiance en tant que porte-parole libéral en matière d’affaires étrangères en matière d’affaires étrangères. Ce travail va me manquer énormément.
Je tiens à remercier les électeurs de Toronto-Centre, mes collègues et amis du Parti libéral et de tous les partis représentés au Parlement, mon chef, Justin Trudeau, et la population du Canada qui m’a donné l’occasion de siéger comme député. Ce fut un honneur et un plaisir.
Contribuer à améliorer le sort des Premières Nations est l’un de mes engagements à long terme; je ne pouvais donc pas refuser l’occasion de servir mon pays.
J’ai dit à M Trudeau et à mes collègues que je continuerais à travailler avec le Parti libéral et j’espère contribuer encore aux affaires publiques canadiennes.
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