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Un président sous surveillance

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OccupyObama

« I’m willing to cut the young lady who interrupted me some slack because it’s worth being passionate about… The voice of that woman is worth paying attention to. »

Cette voix qui a mérité l’attention de Barack Obama est celle de Medea Benjamin, une activiste politique dont la détermination l’a poussée à interrompre par trois fois  le président des États-Unis lors de son allocution à la National Defense University de Fort McNair, le 23 mai dernier. (voir l’extrait vidéo)

Cofondatrice de CodePink, un groupe de femmes pour la paix, Madame Benjamin a bousculé le président par une série de questions demeurées sans réponse. Sous les applaudissements d’une foule déjà conquise, Obama, visiblement agacé, s’est contenté d’esquiver avec une aisance rhétorique dont il maîtrise les rouages.

La harangue du président-prêcheur

Obama a le sens de la formule. L’ancien conseiller de Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski, a dit de lui qu’il ne faisait pas de stratégie mais des sermons… Un postulat sévère et injuste en partie : Obama est sans contredit un fin stratège. Mais c’est bien à la manière d’un prêcheur qu’il s’adresse à la nation. Et ce sont les textes fondateurs du pays qui lui servent de « bible ». La tête tournée vers la droite, il prononce quelques mots, puis, laisse toute la place à un silence calculé… sa tête pivote vers la gauche, et les mots reprennent leur cours, d’un rythme régulier et avec l’assurance d’une marche militaire :

« For over two centuries, the United States has been bound together by founding documents that defined who we are as Americans, and served as our compass through every type of change. »

C’est sur ce ton pastoral qu’il a rappelé combien son administration s’était appuyée sur les valeurs de l’Amérique pour rétablir la dignité de son pays à travers le monde. Sans surprise, il a mentionné ses réalisations les plus notoires : de l’interdiction de la torture des prisonniers à l’élimination d’Oussama Ben Laden, en passant par la fin de la guerre en Irak. Si l’Amérique est plus sûre aujourd’hui, plus respectée, Obama s’en est accordé le crédit, et les flèches décochées envers l’administration précédente étaient aussi multiples qu’incisives. Pourtant. L’administration Obama a été fidèle aux conseils prodigués par l’occupant précédent de la Maison-Blanche.

Le discours d’un président… bushien

Al-Qaïda est en déroute, la menace terroriste est plus diffuse, elle change de nature… Dans son discours, Obama interroge le public : comment lutter contre le terrorisme sans contraindre l’Amérique à une guerre perpétuelle? Il parle de la croisée des chemins et de devoir moral, puis de citer l’un des pères fondateurs, dans ce cas-ci James Madison :

« No nation could preserve its freedom in the midst of continual warfare. »

C’est sur cette prémisse qu’il justifie son intention d’abolir la résolution qui autorise son pays à utiliser la force militaire contre les auteurs et supporteurs des attentats du 11 septembre 2001. La lutte contre le terrorisme demande beaucoup de ressources, dit-il en substance, mais ne nécessite pas la guerre. Et Obama aura été le président qui aura mis un terme à deux d’entre elles. Tout son discours s’appuie sur ce fil conducteur : c’en est assez pour l’Afghanistan. Dès lors, Obama présente sa stratégie comme une rupture d’avec l’ère Bush. Ou du moins il en souligne les contrastes par la promesse de décisions basées non pas sur la peur, mais la sagesse. L’Irak a coûté cher : plus de 1000 milliards de dollars, dit-il, et près de 7000 morts. Sans compter les dégâts diplomatiques et géopolitiques. Pour en finir avec Al-Qaïda et ses filiales, il propose de laisser quelques troupes antiterroristes en Afghanistan. Obama parle de coopération internationale, de partage de renseignements et d’actions ciblées. En d’autres mots, un travail policier plus que militaire. Mais, lorsque ces efforts s’avéreront insuffisants pour attraper un terroriste – Obama évoque grottes, montagnes, populations tribales et zones reculées –, les États-Unis se donneront le droit d’utiliser la force de façon unilatérale. Rien de nouveau ici.

De fait, dans sa guerre contre les Talibans et le terrorisme, Obama a fait des frappes de drones son outil de prédilection. S’il existe une continuité entre l’administration Bush et la sienne, c’est bien la pratique assumée de l’assassinat ciblé en politique étrangère. Et maintenant qu’il cherche à définir les règles d’utilisation des drones en la matière, Obama doit d’abord légitimer ses propres actions, en faisant notamment appel au concept de guerre juste. Cette guerre, menée en légitime défense, est – affirme-t-il –  proportionnelle à l’attaque, en dernier ressort et surtout… juste.

« So this is a just war – a war waged proportionally, in last resort, and in self-defense. »

Mais, comme il le souligne ensuite, une guerre juste ou légale n’est pas nécessairement morale. Les drones tuent plus de civils que de terroristes, et Obama convient volontiers qu’il s’agit là d’un problème. Néanmoins, il reconnait la nécessité de limiter les pouvoirs conférés par les drones en établissant un cadre juridique pour en éviter les abus – il lance la balle au Congrès – , tout en vantant leur efficacité et en arguant que de toute façon, les terroristes font plus de victimes encore que les drones.

La nouveauté tiendrait alors au fait qu’Obama a décidé de mettre un terme aux signature strikes, ces frappes ciblées à partir de drones et autorisées malgré l’existence d’un doute sur l’identité de la cible. Dorénavant, il n’autorisera, a-t-il affirmé, une frappe que lorsque la cible représente une menace imminente pour la sécurité des États-Unis, et qu’elle est clairement identifiée. Une décision saluée mais dont le sérieux est mis en doute à peine quelques jours plus tard suite à une frappe d’un drone de la CIA au Pakistan. Le bilan de quatre morts fera dire au chef de la commission de la Défense du Sénat pakistanais, Mushahid Hussain, que la nouvelle politique d’Obama en matière de drones s’apparentait à de « simples changements cosmétiques ». C’est omettre qu’en réalité, dans ce même discours, Obama a bien mentionné que les nouvelles directives ne s’appliquaient pas aux drones opérés par la CIA au Pakistan, et cela tant que les troupes américaines n’auraient pas quitté l’Afghanistan (et même après le retrait, rien ne paraît garanti dans ce domaine).

Au final, aucun changement immédiat dans l’utilisation des drones, le président, outre perpétuer le discours de légitimation de l’exercice de ce pouvoir par l’exécutif, ne fait que promettre une diminution des attaques au fil du temps, ce qui correspond à la direction qu’avait déjà emprunté son administration auparavant. Comme le prouve le décompte de la New America Foundation.

drones

 

Le talon d’Achille du président de second mandat

Il y a bien souvent, avec le second mandat, cette atmosphère de fin de règne et avec elle vient le temps de la malédiction du second mandat. Or l’administration Obama connaît depuis quelque temps un certain retour de flamme.

Outre les activistes comme Medea Benjamin qui s’indignent des pertes civiles à l’étranger, les Américains s’inquiètent de la prolifération des drones sur le territoire national et de leur impact sur leurs libertés civiles. Obama s’est montré rassurant : il ne serait pas constitutionnel pour un président de tuer un citoyen (quoique…), pas plus avec un drone qu’avec un fusil de chasse. Les drones qui parcourront le ciel américain ne seront pas armés. Obama, dans ce même discours, parle de justice et d’équilibre entre sécurité et liberté. Quelques vœux pieux sur l’importance de la protection de la vie privée, mais rien de concret au sujet des pouvoirs de surveillance des drones non-armés.

Or le scandale entourant la NSA et les écoutes électroniques montre que les déclarations du président se limitent sans doute à des pétitions de principe. Révélé par le Guardian, Edward Snowden s’affiche dans une certaine mesure comme le Daniel Ellsberg de cette administration, ce qui ne doit pas manquer de faire frémir les occupants de la Maison-Blanche. D’autant que la liberté de la presse a été mise en cause a plusieurs reprises durant la dernière décennie, que l’on évoque le Plamegate sous l’ère Bush, ou très récemment la mise sous écoute de l’Associated Press. Et que le tout s’opère avec en toile de fond des soupçons quant à la partialité d’une agence fédérale, l’IRS. Au point où les adversaires politiques en viennent à s’unir pour dénoncer le glissement tectonique de l’administration en place – préfigurant un possible séisme politique.

Malgré les promesses du président d’atteindre l’équilibre entre sécurité et liberté, sa volonté de voir adopter par le Congrès une loi sur les médias afin de prévenir les abus du gouvernement, les questions demeurent. Et en attendant, celui qui a révélé l’espionnage par la NSA et le FBI des communications Internet risque la prison, et les écoutes se poursuivent – sans contrôle effectif.

Avant d’être escortée vers la sortie, Medea Benjamin, qui a tenu à spécifier qu’elle aimait son pays et la primauté du droit, a rappelé à son président qu’il était le commandant en chef et qu’il pouvait fermer Guantanamo dès aujourd’hui s’il le voulait. Et elle a sans doute raison : la section 1028 (d) du 2013 National Defense Authorization Act permet au secrétaire de la Défense de transférer des prisonniers lorsque l’intérêt national des États-Unis est en jeu.

Obama aime à rappeler qu’on lui a laissé en héritage une mission impossible. Dans « La nouvelle puissance américaine », en 2003, Henry Kissinger constatait l’avènement d’un monde multipolaire où les États-Unis devraient gérer le déclin relatif de leur hégémonie. Selon lui, cette position hégémonique avait conduit son pays à adopter une attitude suffisante et à négliger le long terme. Il semble qu’Obama ne soit pas resté insensible à ce genre de critique : en plus de défendre les vertus de la coopération internationale, il a mis beaucoup de passion à vanter les mérites de l’aide humanitaire et des missions de paix : si l’Amérique de Bush et de Cheney inquiétait, celle d’Obama se veut rassurante. Mais les plus grands risques ne sont peut-être pas à l’étranger. Au pays, la colère gronde. Et la capacité du président à se sortir de cette crise politique qui ne semble pas vouloir cesser de prendre de l’ampleur pourrait bien définir l’appréciation qu’en feront les historiens… un jour.

 

Marc-André Laferrière

Chercheur en résidence, Observatoire sur les États-Unis, Chaire @RDandurand @UQAM

Twitter  @malaferriere

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Visiter les Calanques de Marseille c’est comme voyager au bout du monde dans un endroit à la fois mythique et captivant. Mais comment se permettre une telle fantaisie ? Justement, une sortie dans les Calanques rentre pratiquement dans l’air du temps et peut convenir à n’importe quel voyageur. Mais pour bien marquer cette journée, autant s’assurer d’avoir fait le bon choix du circuit.

Autour des itinéraires dans les Calanques

Avant de se décider de quel circuit choisir, toujours est-il d’évoquer les itinéraires possibles pour une sortie dans les Calanques avec Bleu Evasion. Du Parc national des Calanques, on peut certainement prendre le large en direction des plus belles calanques de Marseille entre Sormiou et Cassis. Le parc national des Calanques est une destination mythique pour ceux qui rêvent d’évasion sur la grande bleue. La visite promet détente absolu et dépaysement total. Du parc national également, on passe d’une ville à une autre depuis Sugition à Morgiou en passant par Port Pin et Port Miou. Un autre itinéraire reste envisageable pour une sortie dans les Calanques. Il s’agit du circuit dans l’archipel de Frioul. Les îles de Frioul proposent de multiples activités nautiques mais aussi des randonnées terrestres à part entière. Le château d’if fait partie intégrante du voyage et convie à une découverte historique sans parler de la fameuse légende de Monte Cristo.

Le circuit dans les Calanques de Marseille

Pour mieux trancher, autant passer en revue toutes les possibilités de circuit à commencer par le circuit des Calanques. Il reste propice à une simple visite qu’à la pratique des activités nautiques. Voyager au cœur du parc national de Marseille est un honneur pour ceux qui aiment la nature et à ceux qui recherchent une échappée belle. En d’autres termes, il n’y a pas meilleur endroit pour se perdre que dans le parc national. D’ailleurs, ce ne sont pas les activités qui manquent en dehors des plaisirs nautiques. Visiter le parc national c’est comprendre l’intérêt pour la préservation de ce milieu fragile doté d’une biodiversité rare au monde. Les voyageurs peuvent passer d’une Calanque à une autre et profiter des paysages immaculés qui se succèdent au rythme du bateau. A ce propos, la location d’un bateau s’impose également lorsqu’on souhaite vivre une expérience de voyage inoubliable dans les Calanques. On peut trancher entre un bateau à moteur et un Catamaran.

Le circuit dans l’archipel de Frioul

Frioul est un vrai paradis pour les plaisanciers et les férus des sports nautiques. Il s’apparente plus à une pratique d’activités nautiques qu’à une simple découverte des îles. Faire une immersion dans l’archipel de Frioul c’est comme s’évader dans un monde sorti tout droit d’un conte de fée. Au programme : la plongée sous marin, le scooter sous marin, la baignade, la bouée tractée, le farniente et la visite des îles et en particulier du Château de l’île d’If. En bref, choisir un circuit dans les Calanques n’est pas évident, raison de plus pour personnaliser son excursion en combinant les deux circuits en un seul voyage.


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