La pétroliose est une maladie contagieuse et virulente dans les milieux écologistes et de la gauche radicale. Elle se manifeste par une intolérance épidermique à tout ce qui touche le pétrole, sauf quand il s’agit d’en taxer la consommation.
Le pétrole est-il polluant ? Sans aucun doute. Doit-on lui préférer l’électricité ou d’autres sources d’énergie ? Oui, quand c’est possible. Faut-il encourager l’émergence de nouvelles technologies moins polluantes ? Bien entendu.
Ceci dit, on ne peut pas se passer de pétrole. Ross Bayus, le président d’Énergie Valero, la société qui possède la raffinerie de Saint-Romuald, disait cette semaine que les Québécois en consomment environ 14 milliards de litres par année pour leur autos et leurs camions. Le pétrole entre aussi dans la composition de nombreux produits, même de la carte de crédit que nous utilisons pour faire le plein. Ce n’est pas vrai que nous allons vivre du jour au lendemain dans une société sans pétrole.
Il faut applaudir quand Bombardier Transport annonce la fabrication d’un autobus électrique totalement mobile, quand les manufacturiers mettent au point des voitures électriques ou hybrides et qu’Hydro-Québec et le gouvernement fassent de l’électrification des transports une priorité. Voilà de bonnes nouvelles pour une société riche en énergie hydro-électrique.
La décision d’acheter ses véhicules publics et privés sera prise en fonction des coûts d’achats et d’utilisation et de l’efficacité et de la praticabilité de la technologie. L’autobus de Bombardier, par exemple, nécessite un système d’alimentation sousterrain à chaque arrêt. C’est très esthétique, mais le coût d’implantation risque d’être élevé, sans compter que l’asphalte nécessaire pour boucher les trous est faite… avec du pétrole. Les autos électriques devront être moins chères et avoir une plus grande autonomie avant de faire des percées substantielles chez les consommateurs.
Tout ça pour dire que le pétrole demeurera une source d’énergie incontournable et pour longtemps encore. Bonne nouvelle, les carburants sont plus propres et les véhicules beaucoup moins gourmands. Les émissions liées au smog et aux pluies acides ont été réduites de 90 % depuis 10 ans. On trouve aussi de nouvelles sources de pétrole comme les champs de Bakken, dans le Midwest américain. Il y en aurait peut-être même au Québec, notamment sur l’île d’Anticosti.
Le choix que nous avons devant nous aujourd’hui n’est pas celui entre le pétrole et l’électricité, mais celui entre les différentes sources d’approvisionnement du pétrole. L’Alberta a du pétrole à écouler et deux projets oléoducs sont discutés. L’un deux, de la société Enbridge, veut retourner à sa mission originale la canalisation entre Sarnia et Montréal. Le pétrole proviendrait dorénavant de l’ouest et approvisionnerait les deux raffineries du Québec. Le pétrole albertain est moins cher (25 % de moins que celui qu’elles achètent en Afrique et en Grande-Bretagne) ce qui pourrait assurer la survie de la raffinerie de Suncor, à Montréal, et le développement de celle de Valero, en face de Québec.
Les écologistes sont contre, leur aversion du pétrole est doublée d’une hantise de celui produit à partir des sables bitumineux. Quels sont leurs arguments ? J’en retiens trois.
Les oléoducs seraient dangereux. Si Enbridge se mettait dans l’idée d’abandonner ses oléoducs, il faudrait les remplacer par 6800 camions-citernes par jour pour transporter près d’un milliard de barils. L’empreinte écologique serait beaucoup plus élevée et le danger d’accidents accru. Enbridge affirme qu’il n’y a pas de moyen plus sûr pour transporter du pétrole et que sa fiche de sécurité à ce jour au Canada et aux États-Unis est de 99,999 %.
Les oléoducs transporteront du pétrole issu des gaz bitumineux. Ce pétrole est-il moins «éthique» que celui qui provient du Dakota, de l’Algérie ou du Nigéria ? Les pétroles bitumineux sont-ils plus polluants qu’une centrale au charbon du Missouri ? De plus, le pipeline transportera majoritairement du pétrole brut léger, issu de puits conventionnels.
L’oléoduc transportera du pétrole lourd provenant des sables bitumineux qui serait plus corrosif et plus dangereux que le pétrole conventionnel. Ce serait faux selon les études réalisée par le ministère des Ressources naturelles du Canada et corroborées par une agence internationale.
Les milieux d’affaires se sont mobilisées autour de ce projet. Le gouvernement Marois s’est dit en faveur, du moins sur le principe. Il tiendra des consultations qui porteront sur le pipeline en soi et non pas sur ce qu’il transportera. Une décision qui provoque déjà une rage de pétroliose chez bien des militants.
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