Des centaines de personnes assistent à Montréal au C2-MTL où l’on discute de créativité, d’altruisme et des nouvelles valeurs qui sont en train de façonner l’économie de demain. L’événement est glamour, les organisateurs et les conférenciers sont des vedettes à part entière et le spectacle se tient dans un lieu qui est l’incarnation de ce qui est moderne et branché.
Pendant ce temps, j’assiste dans un hôtel de Québec au congrès de l’Association des économistes québécois sur les ressources naturelles. Pas de star du showbiz d’affaires comme Richard Branson, mais des ministres comme celui des Finances à Québec, Nicolas Marceau, et celui des Ressources naturelles à Ottawa, Joe Oliver.
C’est plus ringard et moins excitant, j’en conviens. Je ne suis pas sûr si ce colloque est pour autant moins porteur et moins important. Les ressouces naturelles représentent 11 % de notre économie et comptent pour 40 % des exportations du Québec. 175 000 emplois dépendent de la bonne performance des joueurs de ce secteur.
Marc-Urbain Proulx, sous-ministre associé aux Régions, ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire du Québec, a montré la formidable dotation du Québec en matières de ressources. Le Québec détient 3% des réserves d’eau douce mondiale, les fôrets occupent 45% de son territoire, il produit 25% de l’hydroélectricité nord-américaine, on y trouve d’immenses gisements miniers et la présence de pétrole semble acquise.
Parallèlement, faisait remarquer un autre conférencier, l’urbanisation des pays asiatiques et africains continuera d’alimenter la demande mondiale pour les minerais et le bois. Les deux-tiers de la croissance économique proviendra des marchés émergents.
Nous avons les produits et il y a une demande. Le potentiel pétrolier pourrait générer de nouvelles richesses et créer de nouvelles opportunités. Les entreprises d’ici développent des technologies de pointe pour exploiter les gisements.
Pourtant, rien n’est simple. Les enjeux politiques liés à l’exploitation des ressources sont à la mesure du potentiel.
Nochane Rousseau, de PricewaterhouseCoopers, a démontré que le fardeau fiscal imposé par le Québec aux sociétés minières est plus lourd qu’en Australie et passablement plus lourd qu’en Ontario. Le Québec compte pour moins de 1 % de l’industrie minière mondiale et on extrait 25 fois plus de fer dans le seul État d’Australie occidentale. Le gouvernement québécois croit qu’il est en position pour imposer un fardeau élevé, malgré des coûts de production particulièrement élevés.
Les groupes écologistes s’objectent à l’inversion du pipeline d’Embridge et de la transformation du gazoduc de Trans-Canada en oléoduc, ce qui nous permettrait d’importer du pétrole albertain. Trop dangereux, clament-ils. En attendant, le Québec importe 176 000 barils de pétrole par jour, selon Joe Oliver, acheminés essentiellement par bateau sur les eaux du golfe et du fleuve.
Côté électricité, le professeur Pierre-Olivier Pineau de HEC-Montréal a provoqué une petite clameur en disant que nous étions le Vénézuela de l’électricité. Les Québécois consomment trop d’électricité qu’ils ne paient pas assez cher. On se plaindrait de l’insuffisance des redevances minières, mais le vrai scandale serait l’insuffisance des redevances hydrauliques. Augmenter la redevance d’un seul cent le kilowattheure procurerait des recettes de 1,65 milliard supplémentaire à l’État québécois.
Si le ministre Nicolas Marceau a insisté en début de congrès sur les retombées économiques, la ministre Martine Ouellet a réitéré certaines de ses grandes convictions. Il faut changer la méthode de faire du développement économique, le modèle précédent ayant conduit à des impasses, des blocages et des échecs.
Deux ministres, deux messages. Ou les deux aspects d’une même réalité. Cela dépend de votre lecture.
Ceci dit, il faut se réjouir quand la ministre assure que, malgré la conjoncture, les projets miniers en cours se poursuivent sur le territoire québécois.
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