Quand on l’a approché pour mettre sur pied une grappe industrielle en technologies propres, Denis Leclerc, président d’Ecotech Québec, a d’abord refusé. «Les grappes que je connaissais, ce sont celles qui portent des raisins qui servent à faire le vin!», lance à la blague ce bon vivant, dans son bureau du Centre de commerce mondial, dans le Vieux Montréal.
Denis Leclerc, président d’Écotech Québec
Et ne prononcez pas le mot «vert» devant lui. «Les technologies propres sont des innovations qui ont un impact positif sur l’environnement, mais aussi sur notre économie. C’est un investissement et non une dépense car elles permettent d’importantes réductions dans les coûts d’opération».
Ses quatre employés et lui se partagent un local à peine plus grand qu’un quatre et demi dans ce lieu qui abrite plusieurs organismes internationaux et de financement dont Investissement Québec, avec qui Ecotech partage d’ailleurs certaines ressources. Denis Leclerc, qui était auparavant vice-président au développement durable et environnement chez AbitibiBowater (maintenant Resolu), précise d’entrée de jeu que son organisme recycle ses bouts de papier, au propre comme au figuré.
«En tant qu’organisme public, il faut apprendre à s’organiser avec peu», dit-il en faisant une place sur sa minuscule table de conférence. Cela ne l’a pas empêché cependant de participer à des missions, forums, et autres foires depuis quatre ans pour faire connaître sa mission : élever le Québec au rang des leaders mondiaux en technologies propres. Et à l’écouter, ce n’est pas qu’un voeu pieux. «Je n’y croyais pas moi-même au début, mais j’ai été surpris de voir qu’on avait ici des innovations méconnues. J’ai voulu contribuer à l’émergence de ce secteur», dit-il.
Un secteur, qui pourrait devenir aussi stratégique pour le Québec que le sont déjà l’aéronautique, le multimédia ou les biotechnologies. Ecotech veut encourager la conception et le développement de technologies, favoriser leur adoption chez nous et ensuite soutenir leur commercialisation et leur exportation à l’international. «L’idée est aussi d’attirer des entreprises ici qui seraient complémentaires à celles qui sont déjà là pour solidifier notre chaîne de valeur dans ce secteur» ajoute le président.
Le Québec serait déjà bien meilleur que l’on croit, constate Denis Leclerc. «Nous avons ici des entreprises véritablement innovatrices, qui détiennent de la propriété intellectuelle. Dans certains pays, on se contente de prendre le bottin et d’en sortir toutes les entreprises en énergie et en environnement pour dire : voilà, voici mon secteur des technologies vertes».
Ecotech travaille en ce moment à dresser un véritable portrait de ce secteur encore en émergence. Pour le moment, on compterait environ 450 entreprises dans ce domaine, dont 94 % sont des PME. Fait intéressant : 70 % d’entre elles sont des entreprises internationales.
«Ce sont des technologies de niche alors le marché est mondial. Ces entreprises naissent en vendant à l’étranger. Même qu’elles sont souvent plus connues ailleurs que chez nous!», dit le président d’Ecotech.
Denis Leclerc tente d’ailleurs de convaincre les municipalités et les organismes publics d’adopter les innovations des entreprises québécoises pour aider celles-ci à commercialiser leurs produits, ici comme à l’étranger. «Nos entrepreneurs se font souvent demander par leurs clients où ils peuvent voir leur technologie et pourquoi elles n’offrent pas ça chez elle, au Québec! Nous avons le potentiel de devenir une vitrine mondiale des technologies propres».
S’ils veulent garder leur place auprès des grands donneurs d’ordre et des multinationales, les fournisseur québécois n’auront pas le choix d’adopter des technologies qui leur permettront de réduire leur impact sur l’environnement. «Si vous voulez vendre à Walmart, on va vous demander quelle est votre empreinte carbone. De plus en plus, les détaillants vont faire la promotion de leur produit avec ça. Et ce sera le cas pour tous les produits de consommation courante. Et quand Bombardier va vouloir avoir les avions les plus verts au monde, vers qui va-t-il se retourner? Ce sera la même chose dans le secteur industriel», dit Denis Leclerc.
Depuis quelques années, la cadence s’accélère, constate le président d’Ecotech. «Le contexte est favorable. Depuis la crise financière de 2008, on se remet en question et on se demande si on peut continuer de croître mais en le faisant de manière plus durable. Peut-on faire plus avec moins? Il y a une panoplie d’innovations au Québec qui le permettent, tout en réduisant l’impact sur l’environnement».
Concrètement, Ecotech vise mettre en commun les expertises et le travail des PME innovatrices, des centres de recherche, des utilisateurs de technologies propres et des organismes de financement. L’organisme a déjà des partenariats avec le Danemark, la Suède, la France, l’Autriche, l’Allemagne et l’Espagne.
Ecotech est également à l’origine d’une entente bilatérale avec le Brésil pour accélérer la collaboration entre les entreprises québécoises et celles de l’État de Sao Paulo. Le Québec est aussi le seul membre hors de l’Europe à avoir été invité à faire partie de l’International Cleantech Network (ICN) qui regroupe 10 pays triés sur le volet, dont la Norvège, le Danemark et l’Allemagne.
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