L’Europe est en récession. La France, sa deuxième économie, l’est aussi; c’est officiel depuis mercredi. Le PIB de la France et celui de la zone euro accusent un repli de 0,2 % au dernier trimestre.
Ce chiffre de moins 0,2 % peut paraître somme toute insignifiant, mais il fait toute la différence au monde. Quand le PIB recule, c’est que plusieurs des moteurs de la croissance sont en panne. On apprenait aujourd’hui que les ménages français ont subi une baisse de leur pouvoir d’achat, ce qui a limité leur consommation. Il est là le problème : les Français, comme les Italiens ou les Espagnols s’appauvrissent.
Pourquoi le pouvoir d’achat fléchit-il ? Les raisons sont multiples, mais à la base c’est que les Français et les autres Européens retirent moins d’argent de leur travail. La raison en est fort simple : plusieurs d’entre eux sont incapables de se trouver un emploi. 26 millions de personnes sont sans emploi en Europe et le taux de chômage moyen était de 10,9 % en février. Dans un pays comme l’Espagne, il atteint le taux stratosphérique de 26,3 %.
Le chômage touche particulièrement les jeunes, ceux qui font leur entrée sur le marché du travail. Le taux de chômage est évidemment dramatique chez les jeunes espagnols. Il atteint 57,2 % chez les 16 à 24 ans. Quand un jeune espagnol n’est pas aux études, il a toutes les chances d’être en chômage. Et comme l’économie espagnole a encore reculé de 0,5 % au dernier trimestre, on voit mal comment la situation pourra se corriger à court terme.
Les données canadiennes sont moins catastrophiques, mais proportionnellement la différence entre le taux de chômage des jeunes et celui de leurs aînés est du même ordre. 14,5 % des jeunes canadiens de 15 à 25 ans sont à la recherche active d’un emploi alors que le taux de chômage est inférieur à 6 % pour les personnes plus âgées.
Aux États-Unis aussi, l’économie peine à créer des emplois. Le New York Times révélait il y a une dizaine de jours que 26,6 % des Américains de 25 à 34 ans étaient en situation de non-emploi, c’est-à-dire qu’ils étaient chômeurs, découragés par le marché du travail, inactifs ou encore étudiants. La proportion n’était que de 18,5 % en 2000. Ce groupe d’âge a été le seul à subir une baisse de leurs revenus entre 2000 et 2013. La situation des États-Unis serait même pire que dans plusieurs pays européens.
L’Organisation internationale du travail affirme qu’il faudrait 600 millions de postes en plus d’ici 10 ans. Qui va créer des emplois pour les jeunes ? Les perspectives ne sont pas roses.
Dans une interview, le directeur général de McKinsey, le grand bureau international de consultation stratégique, soulignait que la croissance (quand il y a croissance !) générait peu d’emplois. Voici ce que déclarait Dominic Barton, au quotidien français les Échos :
« Les dix plus grandes entreprises d’Internet, comme Google Facebook ou Amazon, ont créé des centaines de milliards de dollars de capitalisation boursière, mais à peine 200 000 emplois. En 2025, l’économie robotisée atteindra la taille de l’économie mondiale toute entière en 1995, et c’est une économie par définition pauvre en emplois. Rien à voir avec ce que firent Ford, Procter & Gamble ou John Deere au XXe siècle».
Pour les pays «émergés», l’économie de ce début du XXe siècle se joue sur deux tableaux : juguler la dette et créer des jobs. Sinon, il faudra parler d’un véritable déclin.
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