Les résultats sont clairs. La libérale Yvonne Jones a gagné de façon éclatante l’élection partielle dans Labrador lundi. Mais à en croire les conservateurs, les libéraux sont d’une certaine manière sortis perdants.
C’est carrément le message que le parti a transmis à la presse immédiatement après le dévoilement des résultats. Le directeur des communications Fred DeLorey a prétendu ne pas être surpris des résultats puisqu’il s’agissait d’une circonscription traditionnellement libérale.
«Ce qui est surprenant, écrit-il, est l’effondrement du soutien au Parti libéral à ces élections complémentaires. Quand elles ont été déclenchées, les Libéraux menaient par 43 points dans les sondages. Depuis que Justin Trudeau a été élu comme chef et a fait personnellement campagne dans la circonscription de Labrador, le soutien a chuté de 20 points. C’est une baisse considérable en quelques semaines seulement. Les électeurs du Labrador ont pu voir que Justin Trudeau n’est pas à la hauteur.»
Un peu plus et on croirait que le Parti conservateur n’a jamais cru pouvoir gagner. Ou M. DeLorey n’a aucun orgueil ou il prend tout le monde pour des imbéciles.
Il est vrai que les libéraux n’ont perdu le contrôle de cette circonscription qu’à deux reprises depuis 1949. La dernière fois, en 2011. Mais c’était aux mains des conservateurs. Ce sont donc eux qui défendaient leur siège, le seul qu’ils détenaient à Terre-Neuve-et-Labrador. Leur député Peter Penashue était même ministre.
S’ils n’ont pu la conserver malgré tous les moyens qu’ils y ont mis, malgré une campagne amorcée bien avant l’émission des brefs, c’est peut-être parce que les électeurs de Labrador jugeaient qu’ils ne méritaient plus leur confiance.
Après seulement deux ans? Oui, après seulement deux ans. Pareil verdict paraît très mal. Pas pour les libéraux, mais pour les conservateurs. Ils auraient donc intérêt à se demander ce qui leur vaut cette dégelée. Car c’en est une. Voyez les résultats: 48,2 % des voix pour les libéraux, 32,5 % pour les conservateurs et 18,8 % pour le NPD. Et le taux de participation était élevé pour une élection partielle: 59,6 %.
Une raison qui vient immédiatement à l’esprit pour expliquer la défaite conservatrice est l’odeur de tricherie qui a entouré l’élection de 2011, remportée avec seulement 79 voix par Peter Penashue.
Ce sont des allégations de contributions illégales et de dépassement des limites de dépenses permises durant la campagne de 2011qui ont forcé celui qui était ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes à démissionner le 14 mars dernier, provoquant du même coup cette élection partielle.
Les libéraux ont fait preuve d’un peu plus de retenue dans leur interprétation des résultats. «Aujourd’hui, nous avons démontré que notre message d’espoir et de travail acharné trouve un écho auprès des Canadiens qui en ont assez de la politique des conservateurs, fondée sur le cynisme, la division et la peur», a déclaré Justin Trudeau.
Mais là aussi, il faut nuancer. Comme je l’écrivais dans le Devoir, on a souvent tendance à tirer des conclusions excessives d’une élection partielle. Celle-ci n’y échappera pas et c’est déjà commencé. La réalité est qu’il s’agissait d’un château fort libéral prêt à retourner dans le giron libéral, que les conservateurs s’y sont brûlés avec leurs manigances et que les néo-démocrates n’y ont jamais eu aucune chance. Le fait qu’Yvonne Jones, la chef du parti provinciale, soit candidate n’a pas nui non plus.
Les résultats dans Labrador reflètent la dynamique locale. On peut extrapoler tant qu’on veut sur ce que cela peut signifier à l’échelle canadienne, ça ne sera toujours que cela, des extrapolations. Et une cinglante défaite conservatrice.
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