1. Permettez d’abord que je répète un bout de billet publié en mai 2012 : « Le plus moche de tous les prix, c’est quand même l’Olivier remis aux humoristes, non ? La statuette veut évoquer Olivier Guimond (1914-1971). Heureusement que l’acteur comique ne l’a pas vu, il en serait mort ! Plutôt que cette figurine qui effraiera les enfants du lauréat, pourquoi ne pas offrir aux gagnants un flacon de shampoing, une bouteille d’eau ou tout simplement un melon, au demeurant utiles ? » En attendant, il est conseillé de ne pas exposer l’horreur sur le manteau de la cheminée, mais de la mettre à la fenêtre, elle fera fuir les voleurs.
Cela dit, un trophée, même repoussant, reste une caresse sur un ego fragile. L’ego est un morceau friable chez les humoristes, comme chez vous et chez moi d’ailleurs.
2. Au gala des Olivier, pas de glamour ni de bling-bling comme au gala Artis, mais du Botox tout de même pour tenir ensemble (il me semble qu’Éric Salvail devrait espacer les séances, son visage est en train de devenir bionique). Pour faire un Jean Airoldi de moi-même, je dirai que la tenue la plus originale de la soirée revient à Adib Alkhalidey (Découverte de l’année) : si les couleurs de ma télé ne souffrent pas de désajustement, il portait un pantalon vert, un veston bleu, une chemise vert pâle et la même pochette à la veste que celle de l’animateur Mario Jean, qui m’a semblé étriqué dans un concept assez coton de famille vintage (des années 50 ? – dur à dire, les costumes des protagonistes croisant les époques). Et pourquoi cette thématique ? Peux pas croire qu’une équipe s’est réunie et a trouvé qu’il y avait là un filon à exploiter. Genre « la grande famille de l’humour » : faites-moi rire, certains comiques, captés par la caméra, n’arrivaient même pas à masquer leur déception de perdre au détriment de tel ou tel camarade.
3. À l’animation donc, Mario Jean – énergie molle, présence diffuse – semblait savoir que le texte qu’il débitait n’était pas d’une grande puissance humoristique. À part quelques lignes bien troussées.
4. Trois excellents numéros. Emmanuel Bilodeau : intelligent, lucide, politisé. « Je n’ai pas de gags, mais j’ai du contenu en torpinouche ». Mais il faut le suivre, il parle plus vite que Louis-José Houde. Venus présenter la récompense au metteur en scène de l’année, Sugar Sammy et Simon-Olivier Fecteau – on aurait bien passé la soirée en leur compagnie – ont servi une gerbe d’épines au parterre des humoristes ; Guy A. Lepage et Éric Salvail, pour une fois bons comédiens, ont démontré ironie et autodérision. Avant d’ouvrir l’enveloppe du gagnant du « spécial humoristique à la télévision », Lepage a eu cette phrase délicieusement coupante : « Si Messmer a vraiment des pouvoirs psychiques, il sait qu’il ne gagne pas. » C’est Bye Bye 2012 qui a décroché le pompon.
5. Parmi les plantages, le plus spectaculaire reste « Un souper de clowns presque parfaits », parodie d’Un souper presque parfait, où l’on a vu s’anémier, se désagréger dans le ridicule, des personnages qu’on a jadis aimés (oncle Georges, Ding, ou Dong, la « méchante », Dany Verveine, Ti-Guy Beaudoin). Comment Daniel Lemire et Claude Meunier ont-ils pu souscrire à ce jeu de massacre ?
6. Mario Jean a pris trop de minutes pour nous expliquer qu’une ligne bleue au laser (on l’a vue d’ailleurs) apparaîtrait si un humoriste attentait aux bonnes mœurs télévisuelles. Qu’attendait-elle, cette « ligne bleue » pour se manifester quand Dominique Paquet, dans un sketch complètement débile avec Philippe Bond, s’est pissé dessus (c’était une simulation, du moins je l’espère) ? L’idée était idiote, la technique, en boudant, l’a prouvé. Plus question de ligne bleue…
7. La concurrence était forte pour l’obtention du Prix Citron, candidatures proposées par Jean-René Dufort : Épeuramment drôle, Nicolo «Je sais pââs » Milioto (interrogé par la commission Charbonneau) s’est distingué dans cette catégorie.
8. Dans la liste des 10 humoristes de l’année, une seule femme : Lise Dion (1 million de billets vendus en 25 ans de carrière). Pour les présentations de trophées, pas trop de femmes non plus. Heureusement, Sylvi Tourigny pour la meilleure série humoristique sur le web (Carole aime son prochain) et Korine Côté, pour le meilleur numéro d’humour de l’année (Les Macs), ont parfumé la scène de leur présence.
9. Lauréat de l’Olivier découverte 2012, François Bellefeuille prépare, nous en a-t-il menacé, son premier spectacle solo. Il a les doigts dans la prise, il secoue sa crinière, il vocifère, mais quel est son talent au juste ? Merci de m’écrire si vous le savez.
10. Meilleure comédie à la télévision : Les bobos. Ovation debout au milieu de mon salon.
+ 1. Applaudissements pour Louise Richer, directrice de l’École nationale de l’humour (25 ans), sachant doser discours et émotion, et bref et bel hommage de Louis Morissette à Michel Courtemanche.
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