Au Gala Artis, c’est le public qui vote, alors les lauréats draguent le public, et parfois pas qu’un peu. « Avec mes larmes ou mon rire dans les yeux / J’vous ai fait l’amour de mon mieux… » (« Je ne suis qu’une chanson », de Diane Juster). À ce jeu du « tu m’aimes, donc je t’aime, et aujourd’hui plus qu’hier et moins que demain », Guylaine Tremblay remporte le premier prix. Mais c’est la plus sincère de tous. En entrevue, elle m’a répondu un jour que je lui faisais remarquer que vu son grand talent de comédienne, elle avait peut-être celui de feindre l’humilité : « S’il fallait que je me prenne pour une autre, je me ferais ramasser par ma famille, ça ne prendrait pas de temps. Cette attitude me couperait d’un rapport véridique avec les gens. Dans la vie, je ne souhaite pas être admirée, mais aimée. Il faut donner de soi pour cela. »
Sinon, peu de surprises dans le gala animé par Mario Tessier (sympathique garçon qui répétait un peu trop souvent qu’il trouvait son parterre d’artistes beau, glam, magnifique, tout le tintouin), mis en scène par Serge Postigo qui n’a pas lésiné sur les projections de couleurs, comme s’il voulait nous décoller la rétine.
- Question : Guy Jodoin, sacré meilleur animateur de jeu, excellent à la barre du Tricheur (avec tact et humour, il arrive à dissimuler l’ignorance abyssale de plusieurs artistes invités sur son plateau), subira-t-il le même sort que Patrice L’Écuyer et Charles Lafortune ? Animer plutôt que jouer ? Ce sont (c’étaient ?) trois très bons comédiens.
- Rôle féminin dans une comédie : Anne Dorval, imbattable. Le plus fort, c’est que donnez-lui une tragédie, et elle vous jette à terre.
- Valérie Carpentier (la gagnante de La voix) a pour son âge une voix étonnamment mûre, même si la chanson « À fleur de peau » (Daniel Bélanger-Ariane Moffatt) n’en révélait pas tout le potentiel, mais il lui faudra apprendre quoi faire de ses mains. Il est peu de dire que sa gestuelle manque de fluidité.
- Meilleur rôle masculin dans une télésérie : Claude Legault. Récompense amplement méritée pour son jeu débarrassé de toute pustule narcissique, ce qui n’est pas donné à tout le monde dans 19-2 !
- On me dit que François Bellefeuille est un humoriste. Ah bon ? Il manquait étrangement de rythme dans le numéro (écrit par des jeunes) de l’Artis d’émissions jeunesse. Sa coprésentatrice, Camille Felton, était parfaite. Yan England – une bonne tête, avec de la viande dedans – a remporté le trophée.
- Impeccable Pierre Lapointe dans « Tous les visages ». La caméra semblait vouloir s’insérer sous son toupet serré, incroyablement garni. Chanceux, va !
- Le public a choisi comme artistes les plus élégants de la soirée : le couple Charles Lafortune-Sophie Prégent. Celle-ci semblait ne pas y croire. Elle n’avait pas tort. Son fond de teint exagéré (bronzage forcené ?) vulgarisait sa tenue, ce que n’ont pas souligné les « experts » Jean Airoldi et Eddie Malter lorsqu’elle a fait son apparition sur le tapis rouge. Selon moi, hier, l’élégance s’appelait Anne Dorval.
- Rôle masculin téléroman : Guy Nadon. Révérence.
- Dans son numéro virtuose, Gregory Charles ratait parfois la note, mais il a réveillé la salle. Sous l’impulsion de Julie Snyder, la première à se lever pour se trémousser (ou peut-être défroisser sa robe), tout le monde, même Pierre Bruneau, s’est mis à chalouper. Beau moment.
- Personnalités de l’année : Claude Legault et Guylaine Tremblay. Deux petits noirauds qui ont intelligence, pétulance, franc-parler. Ils représentent le Québécois moyen ; on les voudrait comme amis.
- Une heure pour un Tapis rouge, c’est long. Anouk Meunier a une présence piquante et une élocution qui semble calquée sur celle de Julie Snyder. Mais vaut mieux pomper la voix (et l’énergie) de l’ex-démone que celle de Marie-Claude Lavallée, mettons.
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