En 2002, on a demandé à l’ancienne première ministre britannique quel était le principal accomplissement de sa carrière. Elle a répondu « Le New Labor et Tony Blair ». C’était la preuve ultime que les changements qu’elle a apportés à la société britannique avaient eu un fort impact et avaient été durables. À cause d’elle, le Parti travailliste avait changé son programme et sa façon de gouverner, tout en maintenant l’essentiel de son héritage.
« Certains des changements qu’elle a mis en place en Grande-Bretagne ont été retenus par les Travaillistes en 1997 et par des gouvernements dans le monde entier », reconnaissait lundi l’ancien premier ministre Tony Blair, à l’annonce du décès de Margaret Thatcher.
Margaret Thatcher était une femme de son époque et il est impossible d’apprécier son bilan sans tenir compte de ce qu’était la Grande-Bretagne des années 1970.
Ça n’allait pas bien. Les années d’après-guerre avaient été difficiles. Des pans entiers de l’économie avaient été nationalisés et dans les années 1960 la croissance de l’économie britannique était deux fois inférieure à celle de la France et de l’Allemagne de l’Ouest. En 1976, la Grande-Bretagne avait plié sous son orgueil et demandé un prêt de 4 milliards de dollars au Fonds monétaire international. C’était à l’époque une somme colossale.
Le pays n’avançait plus et les syndicats faisaient la pluie et le beau temps. À la fin de 1979, les syndicats du secteur public avaient entrepris une longue grève parce qu’ils n’acceptaient pas que les salaires soient limités à une hausse annuelle de 5 %. L’inflation culminait à 22 % et le chômage était en hausse. C’est dans ce contexte que Margaret Thatcher est élue une première fois en 1979. Les Britanniques avaient voulu du changement… et ils en ont eu.
Les premières années se déroulent en pleine récession mondiale. L’économie recule de 10 % en 1980-81 et le taux de chômage passe de 5 % en 1979 à 11 % en 1983. Le grand ménage sera pour plus tard.
Il sera mené d’une main… de fer. 29 entreprises, employant 800 000 salariés, seront privatisées. Les chemins de fer, l’aciérie, les télécoms, le gaz et l’électricité passeront au secteur privé. Elle déréglemente le secteur financier, ce qui fera de Londres l’égal de Wall Street. Elle fait adopter cinq lois qui limitent le pouvoir des syndicats et encadrent le droit de grève. Son intransigeance lors de la grande grève des mineurs britanniques, qui durera de mars 1984 à mars 1985, est à l’origine de son surnom, la dame de fer.
Margaret Thatcher se méfiait comme de la peste de la bureaucratie qu’on était en train d’implanter à Bruxelles et ne croyait pas à la monnaie européenne unique. Par contre, elle se prononce contre la réunification allemande.
Ses partisans apprécient aujourd’hui la lucidité, le courage et la pertinence. Ses adversaires font miroiter la désindustrialisation et la croissance des inégalités.
Certains se réclament aujourd’hui de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan. D’autres de Bill Clinton et de Tony Blair. Je pense que les derniers n’auraient pas été possibles sans le changement de cap imposé par les premiers.
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