Oui, je ne viens pas d’une famille de voyageurs. J’ai réussi à convaincre mon père de partir un week-end à Rome en famille il y a quelques semaines lors de mon passage en France. Ce fut notamment son premier vol en avion !
Voyager ?
Mes parents ont rarement dépassé les frontières de l’hexagone. Aussi, ma vie de voyages les a toujours laissés perplexes, dans le meilleur des cas. En vérité, cela a sans doute creusé un certain fossé entre nous…
Mon père est ce que l’on appelle un homme de la campagne, du terroir. Il a grandi dans une famille de paysans avec ses 6 frères et sœurs. Son père étant décédé tôt, il a dû subvenir aux besoins du reste de la famille. Point de possibilité d’études, deux ans perdus lors de la guerre d’Algérie, des années en tant qu’ouvrier agricole avant de passer le reste de sa vie active à la SNCF comme cheminot. Une vie de travail. Dans ces conditions, le voyage était le cadet de ces soucis. C’était une autre époque avec des valeurs différentes.
Cela, je le comprends, encore que je l’ai peut-être intégré un peu tard. C’est forcément un peu frustrant quand ceux qui vous ont fait et élevé ne partagent pas la chose qui vous fait vibrer dans ce monde.
Sans aller jusqu’à la partager, comprendre et accepter cette passion serait déjà beaucoup. Or, ce n’est pas toujours le cas pour ma part.
Mais le principal reste sans doute le socle des valeurs qu’ils m’ont transmis, et c’est là le plus important.
Le voyage n’a jamais fait partie de la culture et des préoccupations de mes parents. Et ceci pour des raisons autant financières que personnelles. Enfant, nous ne partions que quelques jours en famille, et toujours en France. Nous prenions très souvent le train, car mon père étant cheminot, celui-ci était gratuit pour tous.
J’ai pu ainsi découvrir de nombreuses régions de France, tant pendant mon enfance que lors de mes études. Remarquez, c’est peut-être une des raisons qui m’a donné le goût de la découverte. Encore que je penche plutôt sur mes lectures d’enfants. Je m’évadais alors dans les pages des magazines de Bayard Presse ou du défunt Terres Lointaines (certains connaissent ? ).
Le premier vol
Mon père écoute religieusement les consignes en regardant attentivement l’hôtesse et la plaquette d’informations glissée derrière le siège. Il doit bien être le seul dans l’avion ! Cela m’amuse. A l’aller comme au retour, il a eu bien sûr droit au siège côté hublot, privilège naturel de la toute première fois. Il en a profité, regardant pendant une bonne partie du vol les paysages.
Je l’observe du coin de l’œil. Il n’a pas peur, affirme-t-il. Ses réactions le confirment. Il semble avoir moins d’appréhension que moi au décollage ! Heureusement, il ne semble pas concerné par la peur de l’avion, comme tant de personnes.
Le ciel est couvert et durant le vol, nous survolerons une mer de nuages. Il reste attentif tout le long du vol, ne cessant de poser des questions. Signe que l’expérience est bonne !
Rome
Le vol, malgré un gros retard, s’est passé sans problème. Nous avons pu visiter la ville éternelle durant 2 jours entiers.
Bien sûr, je n’ai pas pu profiter de Rome autant que j’aurais voulu. Mais je m’y attendais et je le savais avant de « signer ». A vrai dire, cela m’est égal, enchaîner les sites n’était pas le but de ce voyage.
Le rythme était en effet, comment dire, lent.
Mon père ne s’embarrasse d’aucun scrupule pour s’adresser en français au premier venu. Si celui-ci ne semble pas vraiment comprendre, il n’en a cure. Ce qui est parfois drôle, mais aussi un peu gênant.
Le voyage crée toujours des situations drôles, touchantes ou cocasses. Ce sont des moments qui font l’intensité du voyage. Mon père les a captés quelquefois, et c’est peut-être de cela que je suis le plus heureux. Apercevoir son amusement dans ces moments-là fait plaisir.
Bon, cela ne l’a pas empêché de sortir quelques-unes de ces répliques bien franchouillardes comme celle-ci devant un expresso : « il y a presque pas de café, pff, pourquoi on est à l’étranger… ».Enfin, comme dirait un de mes amis, cela fait partie du personnage :-).
En passant, il existe dans les grandes villes touristiques une activité très pratique si vous voyagez avec des parents âgés. Je veux parler ici des tours en bus de la ville. Vous n’avez pas à marcher, et cette attraction offre un panorama intéressant d’une ville.
De plus, pendant ce temps, vous pouvez vaquer à vos occupations tranquillement. Les tours durant une heure ou une heure trente, il suffit de se pointer au terminus les mains dans les poches. Pratique non ?
A Rome, nous avons choisi de louer un appartement pour ce séjour. C’est en effet une solution bien plus agréable qu’un hôtel pour un voyage en famille. Il n’y a pas photo. Il suffit de vous rendre sur un site comme Wimdu qui propose cela.
Mes parents sont toujours attachés à la tradition de la carte postale, enfin surtout ma mère. Pour ma part, cela fait bien longtemps que j’ai abandonné l’affaire, sans doute en partie traumatisé par ce rituel barbant lors de mes séjours familiaux. Vous voyez ce que je veux dire ?
Debriefing
Les conditions étaient meilleures pour le vol retour, aussi, il a pu notamment admirer les côtes italiennes sous le soleil, puis la ville de Grenoble. Notre vol est en effet passé juste au dessus du Vercors.
L’avion roule sur la piste jusqu’à son terminal. Derrière nous, des enfants chahutent. « Eux, ils n’ont pas attendu 73 ans pour prendre l’avion ! » murmure mon père.
Avant de sortir de la cabine, il ne peut s’empêcher de poser quelques questions aux membres de l’équipage. « A quelle altitude a volé l’avion ? A quelle vitesse? ». Je lui avais déjà fourni les réponses, mais bon…Tout heureux, il leur déclare que c’est la première fois de sa vie qu’il a pris l’avion. Le steward lui pose alors la question classique « alors, vous n’avez pas eu peur ? ». « Non pas du tout » répondit mon père.
Au passage, si vous êtes concernés par la peur de l’avion, je vous invite lire cet article du blog sur ce sujet: « La peur de l’avion, comment la combattre. »
Le lendemain de notre retour, j’ai surpris papa en train de regarder un planisphère. Je l’avais offert il y a longtemps à mes parents pour qu’ils puissent avoir une idée des lieux où je me rendais. Cela permet de les rassurer un peu, et puis, ils prennent plaisir à le montrer aux voisins et autres membres de la famille en visite !
Il est dans la cuisine, de la porte entrouverte d’où je l’observe, je surprends ce commentaire qu’il lâche « Tiens, l’Indochine, ce n’est pas si loin que cela. » Prêt pour un long courrier ? :-).
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Recherches qui ont permis de trouver cet article:
- j\aimerai amenager ma toyota corolla en camping car
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