Je ne vous avais jamais parlé de mon aventure londonienne. Et pour cause, cela remonte déjà à plus de 10 ans ! Comme beaucoup de français alors, j’ai traversé le canal pour rejoindre Londres afin d’y passer quelques mois. Ce fut ma première expatriation. J’y ai connu quelques moments d’anthologie…
Lorsque je suis parti, les objectifs étaient aussi flous que le brouillard londonien. Je tournais un peu en rond à Grenoble, suivant une préparation à un concours qui ne me motivait plus. Un ami était déjà dans la capitale anglaise depuis un mois. C’était tentant d’aller le rejoindre afin de passer quelques mois à travailler à Londres pour améliorer (ou plutôt apprendre à l’époque) mon anglais. À l’entendre, c’était facile de trouver du travail.
J’ai hésité. Et puis, un soir de week-end, après quelques bières avec des amis, j’ai pris ma décision ! Objectif expat à Londres !
Quatre logements en quatre mois
Pendant les premières semaines, j’ai logé dans une colocation en face du stade de West Ham. J’y ai retrouvé mon ami. Nous étions cinq ou six, je ne suis même plus sûr du nombre. Des Français et des Polonais, tous, nous étions là dans le même but. Enfin, pour les Polonais, le but était surtout d’amasser de l’argent avant un retour dans leur patrie.
Le quartier où j’habitais durant ces premiers temps était très cosmopolite, à l’image en fait de la ville. Beaucoup de commerces étaient tenus par des Indiens et des Pakistanais.
Le propriétaire de l’appart était un londonien devenu rentier. Chaque semaine, ou presque, il envoyait son chien de garde, un Iranien antipathique avec une bonne tête d’escroc. Ce que je retiendrais de lui, ce sont ses « no problem, see you tomorow » qui ponctuaient chaque (courte) conversation.
Nous avons ensuite changé au moins trois fois de logement. Nous avons eu droit à une petite chambre miteuse à deux ,(je dormais alors sur un matelas) et une maison rien que pour nous deux. Le meilleur plan, jusqu’à ce que de la famille du propriétaire se pointe un matin pour prendre possession du lieu. Nous avons dû partir sur-le-champ.
Vite virés, nous avons trouvé un autre logement en une journée. C’est cela Londres et les pays libéraux.
De barman à sandwichman : itinéraire d’un expatrié à Londres
Mes premiers pas sur le marché du travail londonien furent un peu chaotiques. J’ai d’abord passé pas mal de temps à quémander dans les pubs du travail avec toujours la même phrase avec un accent bien tranché : « Hi, i’m looking for a job, any things for me ? ». J’ai dû le répéter un sacré paquet de fois !
J’avoue, j’ai aussi passé pas mal de temps à visiter la capitale ! Le problème, c’est qu’à Londres, l’argent disparaît vite. Les logements sont tellement chers que j’ai une amnésie sur le sujet. Pour le métro, à l’époque, il fallait 1,50 euros juste se rendre à la station suivante.
J’ai passé donc quelques jours intenses à vraiment chercher un job à Londres. Et puis, un soir, j’ai enfin trouvé une place de barman dans un pub ! Le patron, une espèce de Piscou me donna ma chance, malgré mon inexpérience. J’ai débuté le lendemain après-midi. Le travail était difficile, il fallait apprendre à servir une bière correctement et à faire plusieurs cocktails genre bloody mary, et le tout en comprenant l’accent anglais imbibé d’alcool dans un lieu bruyant. Et sans se tromper à la caisse. Ce fut d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai fait…3 jours ! Viré !
Ma carrière éclaire de barman m’a laissé de bons souvenirs. A l’heure de la fermeture, il fallait en effet « virer » les piliers de comptoirs habituels. Chaque soir, le propriétaire du peep show voisin venait prendre une bière avec deux ou trois de ses filles.
Peu de temps après, j’ai eu un job de sandwichman dans une boîte française, Cuisine Classique. Un bon job, car j’avais alors tous mes après-midi et mes week-ends ! Le travail consistait à conduire une camionnette dans la banlieue de Londres pour livrer des buffets et surtout des déjeuners (sandwickes, snaks) auprès du personnel de diverses entreprises. J’avais une tournée bien rodée. Le matin, nous emballions les sandwiches déjà prêts, puis nous confectionnions nos plateaux de présentations. Et puis, c’était la route pour 4 heures intenses sur les autoroutes de Londres.
Le staff de la boite était assez stupide. Entre ceux qui jouissaient de leur petit pouvoir de « petit chef » et certains qui, allez savoir pourquoi, étaient persuadé que j’étais homosexuel, il y avait là un bon concentré de cas pathologiques. Avec le recul, c’était peut-être dû à la présence d’un autre Fabrice qui venait aussi d’Ardèche et qui était vraiment, comment dire assez efféminée. Comme je vous l’ai dit, les membres du staff n’étaient pas des lumières donc…
Il y avait des sacrées flèches au niveau des employés. L’un d’eux, notamment, a trouvé le moyen de brûler son camion par accident. Je n’ai pas encore compris comment…Il avait pas mal d’accidents il faut le dire. Du genre mettre du diesel à la place de l’essence lors d’un plein ! Il a ensuite changé de job pour faire conducteur de bus. Au dernières nouvelles, il s’est fait viré. Il a en effet oublié que son bus avait deux étages lorsqu’il a voulu passer sous un pont.:-)
Bref, ce fut du bon temps et des bonnes rigolades !
Le coup de la mâchoire coincée!
Je me souviendrais toujours d’une mésaventure qui m’est arrivée un jour où j’attendais le bus après le travail. Fatigué de la matinée, je baille alors aux corneilles. Problème, ma mâchoire est coincée, impossible de refermer la bouche ! Damned ! J’ai beau bouger ma mâchoire dans tous les sens, me mettre des coups de poing, rien n’y fait ! Et puis, cela commence à être douloureux au niveau des articulations !
Bref, avec mon ami, nous prenons la route de l’hôpital. Dans le bus, je demande au conducteur la direction des urgences. J’ai du mal à me faire comprendre forcément, et en plus j’ai tendance à baver…Sexy. Le chauffeur est mort de rire, moi nettement moins.
Nous arrivons enfin aux urgences. Il y a du monde, l’établissement est débordé, vous connaissez la réputation du système de santé anglais. Enfin, mon tour arrive. Le docteur, voyant mon cas, appelle tous les internes et étudiants pour qu’ils viennent voir le cobaye que je suis devenu. J’ai l’impression d’être dans un épisode d’Urgences…Les blouses blanches m’entourent, puis le docteur appuie sur mes dents afin de remettre ma mâchoire en place. Quel soulagement !
Je lui demande pourquoi cela est arrivé. Elle me répond, espiègle : « you are not lucky ! ». Je peux vous dire que depuis, je ne baille plus aux corneilles ! Cela m’est tout de même arrivé encore une dernière fois peu de temps après. C’était plus gênant, j’étais en train d’embrasser une jeune femme…
Bilan de mon expatriation
Ce que j’ai le plus aimé pendant cette aventure londonienne, c’est :
- Le cosmopolitisme de la ville. Londres est sans doute une des villes les plus mondiales de la planète. Des populations de toute l’Europe et de tout le Commonwealth viennent y passer au moins quelques années. Les Français seraient 200 000 à Londres, rien que ça ! Vivre à Londres, c’est entendre une multitude langues, c’est voyager simplement en changeant de quartier !
- Les nuits londoniennes ne sont pas une légende. J’en ai bien profité. Nous allions tous les week-ends au Redback Tavern d’ Apperton, un gros pub australien. C’est-à-dire un lieu avec des concerts live de rock notamment. Une ambiance débridée… Eh oui, la réputation des Anglaises n’est pas volée. Ceux qui connaissant comprendrons ! La capitale anglaise possède nombre de grosses boîtes : l’Hippodrome, la Factory, ou encore le Limelight qui a élu domicile dans une église !
- Le fait qu’on vous laisse plus facilement votre chance sur le marché du travail. Clairement, les Anglais sont moins stricts sur le diplôme ou même l’expérience. Le marché du travail est plus flexible, avec ses avantages, mais aussi ses inconvénients. En 2000, il m’a été facile de trouver des jobs à Londres. Avec la crise, de nos jours, c’est peut-être moins facile…
Expat à Londres, c’est aussi :
- La météo terrible. Il fait très souvent gris, franchement, c’est pesant à force, surtout pour quelqu’un qui vient du sud comme moi !
- Le coût de la vie. Londres, c’est cher, difficile d’économiser tout de même avec un emploi lambda tel qu’un français peut en trouver, du moins au début.
J’ai beaucoup aimé cette expérience à Londres. Très formateur. « Se barrez » à du bon! Vivre à Londres m’a sans doute donné le goût de l’ailleurs et de l’expatriation, cette sensation de renaitre ailleurs dans un autre environnement. Quelques années plus tard, je partirai pour une autre dimension : le Nigéria.
Je n’ai pas eu vraiment le temps de voyager en Angleterre, hormis une virée en Ecosse et à Coventry. Pourtant, il y a de beaux coins à voir : Stonehage, le pays de Galles et notamment les Cornouailles. Depuis ma lecture du Chien des Baskerville de Conan Doyle, cette péninsule me fait des clins d’œil !
Voici une vidéo qui présente les attraits du pays, tentant !
Je sais que certains d’entre vous ont vécu, à Londres, alors, qu’avez-vous pensé de cette expérience ? Des coins d’Angleterre à recommander ?
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